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Rahul Gandhi, l’opposant de Narendra Modi dans le viseur de Pegasus

Par Julien Bouissou

Publié aujourd’hui à 15h10

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EnquêteLe leader de l’opposition indienne, ses conseillers et au moins cinq de ses amis ont été espionnés par le biais du logiciel espion sur lequel a enquêté le « Projet Pegasus ».

Entre le premier ministre indien, Narendra Modi, et son opposant, Rahul Gandhi, leader du Parti du Congrès, les hostilités commencent fort, ce 1er mai 2018. Les élections législatives ont lieu dans un an, et M. Modi profite d’une campagne électorale régionale, dans l’Etat du Karnataka (sud-ouest), pour décocher ses premières flèches. Il traite Rahul Gandhi d’« arrogant », de « dynaste » ou encore de « danger pour la démocratie ». Quelques jours plus tard, M. Gandhi est sélectionné pour une éventuelle mise sous surveillance par Pegasus, le logiciel espion que la société israélienne NSO Group vend aux Etats.

Les données auxquelles ont eu accès Le Monde et seize autres rédactions associées au sein du consortium coordonné par Forbidden Stories, en partenariat avec le Security Lab d’Amnesty International, révèlent également que Rahul Gandhi est une cible potentielle pendant toute la campagne électorale, et au moins jusqu’à l’été 2019, quelques semaines après sa défaite et sa démission de la tête du parti. Faute d’avoir pu examiner son téléphone à la recherche des traces techniques laissées par une intrusion, il n’est néanmoins pas possible de dire s’il a bel et bien été infecté par ce logiciel espion ultra-sophistiqué.

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« Une surveillance ciblée du type que vous décrivez, qu’elle me concerne moi, d’autres leaders de l’opposition ou n’importe quel citoyen indien qui respecte la loi, est illégale et déplorable, a réagi Rahul Gandhi. Si votre information est correcte, [cette surveillance] va au-delà de l’attaque contre la vie privée, de par son ampleur et sa nature, c’est une attaque contre les fondations démocratiques de notre pays ; une enquête doit être menée et les responsables doivent être identifiés et connus. »

Rahul Gandhi, lors d’un rassemblement d’agriculteurs à New Delhi, en avril 2015, alors alors qu’il était vice-président du Parti du Congrès. Anindito Mukherjee / REUTERS

Il n’est pas le seul à être une cible potentielle. Ses proches conseillers le sont aussi à partir de juillet 2019, à l’instar de Sachin Rao, chargé de la formation des cadres du parti, et d’Alankar Sawai, proche conseiller de M. Gandhi. Tous participent aux tractations sur le choix des candidats pour les élections régionales dans les Etats de l’Haryana et du Maharashtra, en octobre 2019. A New Delhi bruissent aussi des rumeurs sur la succession du jeune héritier et la future organisation du parti. M. Gandhi va-t-il définitivement lâcher les rênes du vieux parti de l’indépendance, voire quitter la politique tout court, comme il l’a parfois envisagé ? Sans doute se confie-t-il alors à ses proches amis, éloignés du marigot de la politique et à qui il accorde une grande confiance. Au moins cinq d’entre eux sont la cible du logiciel espion en juillet 2019.

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