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« Les Nicaraguayens ont un besoin vital du soutien de la communauté internationale pour se défaire d’un couple de tyrans totalitaires »

Tribune. Le 19 juillet 1979 symbolise la chute de la tyrannie des Somoza, qui régnèrent de 1937 à 1979 sur le Nicaragua. Ce fut un jour de liesse populaire sans pareille. Les Nicaraguayens aspirèrent à un renouveau moral et politique. Leur victoire fut le fruit de leur grand courage lors de l’insurrection de juin-juillet 1979, mais aussi de leur capacité à s’unir sur un programme de reconstruction nationale pluraliste. Une autre condition de leur triomphe fut l’appui que lui apporta la communauté internationale.

Le 19 juillet 2021 sera comme aux antipodes de la libération vécue en 1979. Daniel Ortega et Rosario Murillo organiseront une cérémonie à leur gloire, qui consacrera l’affermissement de leur pouvoir totalitaire, ce, à la veille d’élections générales qu’ils entendent truquer. Cette cérémonie viendra parfaire une série d’actes emblématiques de leur mépris des principes démocratiques : la séparation des pouvoirs, le respect des droits humains, la remise en jeu régulière du pouvoir au travers d’élections libres. Depuis le 2 juin, ce sont plus de vingt figures de proue de l’opposition, des candidats à l’élection présidentielle de novembre 2021, des activistes des droits de l’homme, des héros de la lutte contre les Somoza et, enfin, des journalistes, qui ont été arrêtés.

Appuis populaires restreints

Ortega et Murillo sont néanmoins dans une situation de très grande fragilité. D’avril à juin 2018, ils ont fait face à une insurrection populaire qui a fait vaciller leur pouvoir. Nul doute qu’ils ont remporté une première victoire sur leurs opposants au prix d’une incroyable violence : 328 morts, des milliers de prisonniers, systématiquement torturés, 150 000 exilés, pour une population de 6,46 millions d’habitants.

Après une brève période de relatif relâchement de la répression (janvier-juin 2019), les persécutions des opposants ont méthodiquement repris. Pour preuve, fin 2020, le vote de lois donnant des pouvoirs inquisitoriaux à la police et suspendant les libertés fondamentales. Pour autant, leurs appuis populaires sont des plus restreints. Seuls 20 % de Nicaraguayens seraient prêts à voter pour eux. L’instabilité dans laquelle se trouve le pays, aggravée par une gestion désastreuse de l’épidémie de Covid-19, fait que l’économie connaît une récession qui va de pair avec une fuite des capitaux.

L’heure est aujourd’hui au soutien sans faille à l’opposition nicaraguayenne. Celle-ci est composite et prise dans des rivalités. Beaucoup des entrepreneurs s’accommodaient fort bien de la corruption. Quelques politiques sont des revanchards à courte vue. Pour autant, comme l’ont montré les manifestations de 2018 et les négociations entre les multiples groupes ayant formé l’Unité nationale bleu blanc (UNAB), la grande majorité des opposants sont des partisans résolus d’un régime démocratique, comme d’une lutte contre la corruption.

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