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La crise au Liban s’aggrave à quelques semaines d’une nouvelle conférence d’aide

Le Liban s’est réveillé vendredi avec la crainte d’une détérioration de la situation, au lendemain du renoncement du Premier ministre désigné, Saad Hariri, à former un nouveau gouvernement, et à quelques semaines d’une nouvelle conférence d’aide internationale parrainée par la France.

Impasse politique, crise économique, financière et sociale… Au Liban, la colère continue de monter, vendredi 16 juillet, contre une classe dirigeante accusée de négligence et de corruption. Le pays doit trouver un successeur à Saad Hariri, qui a renoncé jeudi à former un gouvernement face au refus de Michel Aoun de valider, une fois de plus, sa nouvelle équipe. Une nouvelle conférence internationale de soutien à la population libanaise, chapeautée par la France, est prévue le 4 août, soit tout juste un an après l’explosion du port de Beyrouth.

Le retrait de Saad Hariri, neuf mois après sa désignation, intervient en pleine crise économique, qualifiée par la Banque mondiale comme l’une des pires de l’histoire depuis 1850. En proie à une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de sa monnaie et une paupérisation inédite de sa population, le Liban vivait déjà ces dernières semaines au rythme de graves pénuries, notamment de médicaments et de carburant, ayant catalysé de nouvelles manifestations.   

La France, qui chapeaute les efforts internationaux pour une sortie de crise, a annoncé la tenue d’une nouvelle conférence d’aide internationale le 4 août. Cette conférence, appuyée par l’ONU, se tiendra un an exactement après l’explosion meurtrière au port de Beyrouth. Elle est « destinée à répondre aux besoins des Libanais dont la situation se détériore chaque jour », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

>> À voir : Un an après l’explosion du port de Beyrouth, la colère monte au Liban

« Autodestruction cynique »

Le Premier ministre désigné au Liban, Saad Hariri, a annoncé jeudi renoncer à former un gouvernement près de neuf mois après sa nomination.

Saad Hariri devait mettre en place une équipe censée lancer des réformes indispensables au pays pour débloquer, notamment, des aides internationales cruciales.

Après l’annonce, des manifestants ont bloqué des rues près des quartiers majoritairement sunnites de Beyrouth, incendiant des poubelles et des pneus. Des militaires ont été déployés pour tenter de disperser la foule.

>> À voir : Liban : Saad Hariri renonce à former un gouvernement

Le renoncement du Premier ministre désigné au Liban est « un épisode dramatique de plus dans l’incapacité des responsables libanais à trouver une issue à la crise (…) par rapport à la réalité économique et sociale » du pays, avait déclaré la veille à l’ONU le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, évoquant une « autodestruction cynique ».

« Il y a une urgence absolue à sortir de cette obstruction organisée et inacceptable », a ajouté la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué publié vendredi.  

Quant à l’Union européenne, elle « regrette profondément » la décision de Saad Hariri de se récuser, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Sans gouvernement depuis août 2020

Le Liban est sans gouvernement depuis la démission en août 2020 du gouvernement, resté cependant en charge des affaires courantes.  

En octobre de la même année, Saad Hariri avait été désigné Premier ministre, un an après sa démission sous la pression d’un soulèvement populaire. Avant lui, Moustapha Adib, nommé après l’explosion au port, avait également échoué face à la résistance des partis au pouvoir.

Depuis plusieurs mois, Saad Hariri et le président Michel Aoun s’accusent mutuellement d’entraver la formation d’un nouveau gouvernement. Saad Hariri reprochait notamment au président d’empêcher la formation d’une équipe de technocrates et de vouloir imposer une répartition « confessionnelle et partisane » des portefeuilles. « Si j’avais formé le gouvernement que Michel Aoun voulait (…) je n’aurais pas pu diriger le pays », a-t-il déclaré jeudi.

Retour à la case départ

Michel Aoun doit désormais entamer des consultations pour choisir un chef de gouvernement. Les partis commenceront ensuite leurs traditionnels marchandages, souvent interminables, pour former un nouveau cabinet, qui doit également être approuvé par le président et ces mêmes partis. 

Avec ce retour à la case départ, plusieurs médias libanais avertissent d’un possible prolongement du vide gouvernemental. « Liban, vers plus de danger », pouvait-on lire vendredi en une du quotidien Annahar. « Avec la récusation de Hariri, une aggravation de la crise est inéluctable », titrait de son côté le quotidien francophone L’Orient-Le Jour. 

Les postes ministériels et les sièges parlementaires étant répartis sur une base confessionnelle, le renoncement de Saad Hariri, considéré comme le plus représentatif des musulmans sunnites, risque de compliquer davantage le processus. Le nom de l’ancien Premier ministre Najib Mikati, également sunnite, circule dans les médias comme possible successeur et il s’agit de « l’option la plus probable », selon le quotidien local Al-Akhbar.  

Saad Hariri a toutefois déjà déclaré que son bloc parlementaire n’approuverait pas la nomination de Najib Mikati.

En attendant, la livre libanaise a de nouveau décroché vendredi sur le marché noir face au billet vert, dépassant 22 000 livres pour un dollar, contre moins de 20 000 livres avant l’annonce de Saad Hariri. Le taux officiel se maintient à 1 507 livres pour un dollar.   

Cette nouvelle chute a provoqué des blocages de routes et des manifestations jeudi soir.

Avec AFP 

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