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Afghanistan : les talibans proposent trois mois de cessez-le-feu contre la libération de 7 000 prisonniers

Des gardes-frontières pakistanais bouclent la zone près d’un poste-frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan à Chaman, le 15 juillet 2021, un jour après que les talibans ont pris le contrôle du côté afghan de la frontière. ASGHAR ACHAKZAI / AFP

Les talibans ont proposé un cessez-le-feu de trois mois, en échange de la libération de 7 000 de leurs prisonniers par les autorités afghanes, a indiqué, jeudi 15 juillet, Nader Nadery, un membre de l’équipe gouvernementale de négociations avec les insurgés.

Interrogé au sujet de cette offre, un porte-parole des talibans a indiqué ne pas « être au courant d’un quelconque projet de cessez-le-feu de trois mois ». Mais « durant l’Aïd [el-Adha, qui dure trois jours, à partir du 20 juillet], les dirigeants [talibans] pourraient envisager un cessez-le-feu », a-t-il ajouté.

L’offre des talibans porte « une exigence considérable », a déclaré à la presse M. Nadery, ajoutant que les talibans réclamaient également que les noms des dirigeants du mouvement soient retirés d’une « liste noire » de l’ONU.

Sans se prononcer sur la suite donnée à cette offre des talibans, il a souligné que la précédente libération de 5 000 d’entre eux l’an dernier, qui était la condition posée à l’ouverture des pourparlers interafghans, avait déjà été « une exigence difficile » à remplir, et qu’ensuite « la violence n’avait pas cessé et s’était au contraire accrue ».

Contrôle de postes-frontières-clés

Les pourparlers entre le gouvernement afghan et les rebelles sont au point mort depuis leur commencement, en septembre à Doha, la capitale du Qatar.

Les talibans se sont emparés au cours des deux derniers mois d’importantes portions rurales du territoire afghan, à la faveur d’une offensive lancée parallèlement au retrait définitif des troupes étrangères d’Afghanistan, entamé début mai et prévu pour s’achever d’ici à la fin août.

Privées du crucial soutien américain, les forces afghanes n’ont offert qu’une faible résistance et ne contrôlent plus essentiellement que les capitales provinciales et les principaux axes routiers. Les talibans se sont notamment rendus maîtres de postes-frontières-clés, avec l’Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et, depuis mercredi, le Pakistan, voie d’accès à l’océan pour l’Afghanistan, pays enclavé.

Jeudi, ils patrouillaient dans la localité stratégique de Spin Boldak, prise la veille, contrôlant désormais l’axe-clé reliant le poste-frontière avec le Pakistan tout proche à Kandahar, la grande ville du Sud afghan, à une centaine de kilomètres de là. Le ministère pakistanais des affaires étrangères pakistanais a confirmé jeudi que les talibans avaient pris le contrôle de ce poste-frontière.

Foule incontrôlable

« Le marché est fermé, et les commerçants ont peur que la situation ne tourne mal », a expliqué Mohammad Rasoul, un habitant de Spin Boldak, à une trentaine de kilomètres de la frontière. Au poste-frontière de Weish, du côté afghan, flottait toujours jeudi l’étendard blanc des talibans, qui a remplacé depuis la veille le drapeau afghan, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse présent du côté pakistanais de la frontière.

Ce point de passage débouche sur la province pakistanaise du Baloutchistan (sud-ouest), réputée abriter une partie de la direction des talibans, dans la ville pakistanaise de Quetta, et recevoir les blessés talibans qui s’y font soigner.

Il connecte également l’Afghanistan à la route menant au grand port pakistanais de Karachi, sur les rives de la mer d’Arabie.

De l’autre côté de la frontière, au poste de Chaman, les gardes-frontières pakistanais ont dispersé jeudi, en lançant des grenades lacrymogènes, une foule de personnes massées à la frontière – totalement fermée depuis mercredi –, désireuses d’entrer en Afghanistan.

« Une foule incontrôlable d’environ 400 personnes a tenté de franchir de force » la frontière, « elles ont jeté des pierres, ce qui nous a contraints à utiliser des gaz lacrymogènes », a indiqué un responsable des forces de sécurité du poste de Chaman, qui a requis l’anonymat. Selon lui, environ 1 500 personnes sont massées du côté pakistanais de la frontière, attendant depuis mercredi de passer en Afghanistan.

« Nous avons dû charger à coups de matraque, parce que les gens devenaient incontrôlables », a confirmé un autre responsable frontalier, également sous couvert d’anonymat. Un haut responsable gouvernemental à Chaman, Jumadad Khan, a affirmé que la situation était désormais « sous contrôle ».

Une source au sein des talibans a indiqué qu’une centaine de personnes étaient également rassemblées du côté afghan de la frontière, espérant entrer au Pakistan. « Nous discutons avec les autorités pakistanaises. Une réunion formelle est prévue aujourd’hui (jeudi), et nous espérons [que la frontière] sera ouverte d’ici un jour ou deux », a-t-il affirmé.

Le Monde avec AFP

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