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Athènes, refuge des ennemis jurés de Recep Tayyip Erdogan

Par Sasha Loizot

Publié aujourd’hui à 04h13

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EnquêteA la suite de la répression qui s’est abattue après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, 9 000 citoyens turcs ont déposé une demande d’asile en Grèce.

La capitale grecque s’est mise à l’heure d’été. Une chaleur moite a envahi les rues de la ville et dissuade les plus hardis de s’aventurer à l’extérieur. Ce n’est qu’en début de soirée, avec le retour de la fraîcheur, que les rues d’Athènes retrouvent un peu d’animation. Sur la place centrale de Syntagma, en contrebas du Parlement grec, la fontaine s’est transformée en lieu de rendez-vous idéal.

A quelques mètres de là, Hamdi est installé à la terrasse d’un café huppé de la place. Cet ancien juge de 38 ans est arrivé en Grèce il y a un peu plus d’un an, après avoir fui la Turquie. Au lendemain de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, qui a ébranlé le pouvoir d’Erdogan, il a été soupçonné d’« appartenance à une organisation terroriste », pour sa proximité avec la confrérie de Fethullah Gülen – prédicateur musulman réfugié aux Etats-Unis, accusé par les autorités turques d’avoir fomenté le putsch –, à l’instar de centaine de milliers de personnes.

Hamdi (ici à Athènes, en juillet 2021), ancien juge et sympathisant de la confrérie Gülen, s’est réfugié en Grèce après quatre ans de cavale en Turquie. ENRI CANAJ/MAGNUM PHOTOS POUR « LE MONDE »

« Le soir du 15 juillet, j’étais en congé. Quand j’ai vu les lynchages qui avaient lieu contre les militaires, j’ai eu peur et j’ai décidé d’attendre là où j’étais. J’ai ensuite appris que j’avais été suspendu, puis limogé. La police s’est rendue à mon domicile, car il y avait un mandat d’arrêt contre moi », se souvient-il. S’ensuit une cavale de quatre années, au cours de laquelle il se cache dans différentes villes avant de se résoudre à traverser le fleuve Evros, frontière naturelle du Nord qui sépare la Turquie de la Grèce. Comme lui, 9 000 citoyens turcs ont déposé une demande d’asile en Grèce ces cinq dernières années.

Prouver son innocence

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, une fraction de l’armée – dont une majorité de gülénistes – s’est soulevée contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Les putschistes ont notamment bombardé le Parlement, kidnappé le chef de l’état-major et tenté d’assassiner le président Erdogan. De violents affrontements avec la population se sont soldés par 251 victimes civiles et près de 2 200 blessés.

Les autorités turques ont immédiatement organisé la réplique contre l’ensemble de la confrérie de Fethullah Gülen, rebaptisée « Organisation terroriste Fethullah Gülen » (FETO). Dans la foulée, le conseil des ministres a orchestré des purges tous azimuts dans les instances noyautées par la confrérie – notamment dans l’enseignement, la police, la justice et l’armée –, par la promulgation de décrets-lois durant les deux années de l’état d’urgence.

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