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pourquoi Andorre est une terre de cyclistes

Des montagnes, de la tranquilité et une fiscalité avantageuse: la principauté d’Andorre, où le Tour de France a fait relâche ce lundi, regorge de cyclistes professionnels.

En cette journée de repos du Tour de France en Andorre, principauté au cœur des Pyrénées, c’est une pause à la maison pour certains coureurs. Plus d’une soixantaine de cyclistes y vivent à l’année, comme Julian Alaphilippe, Kenny Elissonde, Egan Bernal ou Dan Martin. Un endroit familial, où les grands champions organisent des sorties en montagne.

A La Massana, petite commune de la principauté, deux coureurs Français sont voisins : Kenny Elissonde et Julian Alaphilippe. Membre de l’équipe Trek-Segafredo, Elissonde n’a pas hésité à venir s’installer ici : « Moi, ce que j’aime, c’est de voir la montagne. A côté de chez moi, il y a des chevaux et quand je rentre de course, je me pose, c’est mon petit paradis ». Et c’est aussi une terre de vélo. Pas besoin de se balader bien longtemps pour s’en rendre compte. Trois magasins de cyclisme à même pas cent mètres à la ronde.

Marcos, vendeur chez Viladomat, boutique spécialisée en VTT, a l’habitude de les croiser : « On est dans un pays où on pratique énormément de sport. Donc il y a beaucoup de sportifs qui vivent ici et certains cyclistes viennent au magasin pour nous consulter. Après, leur équipe s’occupe du reste ». Un pays de sportifs, mais aussi très attirant par sa situation fiscale très avantageuse, comme Monaco où d’autres cyclistes ont posé leurs valises, tel Christopher Froome.

La météo et l’aéroport en points négatifs

C’est aussi un terrain de jeu parfait. De la haute montagne à seulement quelques kilomètres, avec le Port d’Envalira à 2.408m d’altitude, emprunté dimanche dernier lors de la quinzième étape du Tour de France. Pour Kenny Elissonde, auparavant installé dans la région niçoise, le choix sportif était prédominant : « En tant que grimpeur, être confronté à la montagne au quotidien, c’est important. Même pour rentrer chez moi, j’ai 15-20 minutes de montée. On est à 1.400m d’altitude, on roule à 2.000m puis on redescend, le corps s’habitue et forcément ça aide ». Et une vraie synergie s’est installée entre les dizaines de coureurs vivants dans ce petit territoire andorran, remarque le coureur de 29 ans.

« On habite tous pas loin, on se voit souvent, on se croise quand on ne roule pas. Je ne peux pas dire que c’est une petite famille, mais des fois on fait des dîners chez l’un chez l’autre. Nos femmes se côtoient et ça rapproche toujours ». Un groupe Whatsapp a même été créé. Et le coureur de Trek-Segafredo en fait partie : « On est 70-75. Mais avec Julian, on s’envoie juste un message si on veut aller courir ensemble. Ce groupe a servi aussi pendant le Covid, on avait des renseignements sur la vaccination par exemple ».

Tant de raisons positives d’habiter ici, mais Andorre a tout de même son lot de points négatifs selon Kenny Elissonde. Et la comparaison avec Nice et Monaco est incontournable pour le coureur. « Le côté négatif, c’est la météo. L’hiver, à Nice-Monaco, c’est le meilleur temps que l’on peut avoir. Ici, il ne fait pas beau. Mais le désavantage certain, c’est l’aéroport. Le plus proche, c’est Barcelone, ce n’est pas à côté. Alors qu’à Nice-Monaco, l’aéroport est à 20 minutes. » Mais pour autant, le Français parle de son chez lui avec un sourire dans la voix.

« Ils apprécient l’anonymat »

« C’est vrai que l’on est tranquille, on peut boire un café, personne ne va venir ou juste nous dire bonjour. On n’est pas dérangé, c’est un des points forts. Les gens sont respectueux », souligne Kenny Elissonde Pour les habitants, c’est devenu leur quotidien de croiser ou côtoyer ces stars. Josep, directeur de la station de la Massana, vit en Andorre depuis toujours et connaît très bien certains coureurs. « On fait de la randonnée l’hiver ensemble. Quand on fait un col, on essaye de les suivre mais souvent sur 50m pas plus », lâche l’Andorran tout sourire. Et pour lui, les célébrités qui vivent ici cherchent surtout une tranquillité.

« C’est important qu’ils gardent leur indépendance. Ils sont à côté de nous, on ne les embête pas, ils apprécient cet aspect anonyme, c’est l’une des raisons pour laquelle ils sont là », explique Josep. A l’image de Richard Carapaz, de l’équipe Ineos Grenadiers et 4e au général du Tour de France, de retour d’une sortie à vélo, en tenue, qui s’arrête à un distributeur pour retirer de l’argent. Trois curieux le reconnaissent, dont un père et son fils, immatriculés en Espagne. Arrêté en bord de route avec la voiture, le papa court rejoindre son fils pour immortaliser le moment. En toute décontraction, l’Equatorien, après avoir récupéré ses billets, s’est gentiment prêté au jeu des photos.

C’est un petit pays, où tout le monde se connaît et sait où chacun vit. Josep, par exemple, est capable de situer exactement où habitent Julian Alaphilippe et sa compagne Marion Rousse. « Ils habitent de l’autre côté, regardez, dans la montagne. Les coureurs sont pour la plupart éparpillés un peu partout », révèle le directeur de station en montrant du doigt. Des maisons en plein cœur de la forêt et à quelques minutes du centre-ville de La Massana d’un côté et de l’autre des routes de montagne pour s’entraîner. Le spot idéal pour des coureurs.

Léna Marjak et Valentin Jamin

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