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Le drame de Yamila, 5 ans, fillette ivoirienne morte en mer sur la route des Canaries

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Après un sauvetage de migrants en mars 2021 à Santa Cruz de Ténérife, aux Canaries. DESIREE MARTIN / AFP

Le 29 juin, les Canaries étaient secouées par une nouvelle tragédie migratoire. Une petite Ivoirienne de 5 ans, prénommée Yamila, succombait à un arrêt cardiaque au moment même où les équipes de sauvetage en mer la transportaient en hélicoptère vers un hôpital de Las Palmas, sur l’île de Grande Canarie. Après dix-sept longues journées, l’embarcation dans laquelle elle voyageait en compagnie d’une cousine de sa mère, perdue au milieu de l’océan Atlantique avec 35 personnes à bord, dont seize femmes et six enfants, venait d’être localisée par un paquebot australien de près de 300 mètres de long.

Ses parents, résidant en France sans papiers, n’avaient cessé, les jours précédents de contacter les associations de migrants, en pleurs, pour obtenir des informations sur l’embarcation où se trouvait leur fille, sans que les services de sauvetage espagnol ne parviennent à la repérer. Le drame n’a finalement pas pu être évité. Mais l’identification de la fillette n’a pas pu être validée par le juge, faute de preuves de filiation, quand bien même son père et sa mère l’ont reconnue sur des photos qui leur ont été transmises. La date de l’enterrement n’a donc pas pu encore être fixée.

Les parents souhaitent se rendre aux Canaries pour assister à ses funérailles. L’Espagne s’est dite favorable à leur venue. « Sa mère vit en France et nous sommes en contact avec les autorités françaises pour permettre qu’[elle] puisse venir à l’enterrement de sa fille », a expliqué, le 1er juillet, le secrétaire d’Etat aux migrations, Jesus Javier Perea, en commission parlementaire. La France, pour l’heure, n’a pas donné son accord pour permettre au couple de voyager sans être inquiété en raison de sa situation administrative.

« C’est une question qui m’est posée que j’essaierai de régler le mieux possible, a déclaré le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le 9 juillet, lors d’une visite à Madrid. Il y a à la fois un drame humain et des complexités juridiques. Je ne règle pas les complexités juridiques avec de l’émotion, mais en même temps, les complexités juridiques ne signifient pas qu’il faut évacuer l’émotion et le drame. »

Extrêmement dangereuse

Partie de Dakhla, sur la côte du Sahara occidental, le 12 juin, la pirogue dans laquelle Yamila voyageait aurait dû arriver cinq ou six jours plus tard aux Canaries si elle ne s’était pas perdue dans l’océan. Comme tant d’autres bateaux.

La route migratoire canarienne est extrêmement dangereuse. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), 160 personnes y sont décédées depuis le début de l’année. Un chiffre largement sous-estimé, d’après l’association Caminando Fronteras, en contact avec les communautés de migrants, qui évoque le chiffre de 1 922 personnes disparues sur ce trajet au premier semestre, avec 57 naufrages recensés. Seulement 61 corps ont été récupérés.

C’est le paquebot Cape-Taweelah, parti d’Australie en direction de Dunkerque, qui a aperçu la pirogue de Yamila, à près de 500 kilomètres des côtes canariennes alors qu’il s’apprêtait à faire escale à Las Palmas. Trop tard, malheureusement, pour la petite fille. Et pour d’autres passagers, disparus en mer ou arrivés décédés.

Une semaine plus tard, le 7 juillet, une fois les migrants remis sur pied et interrogés par la police espagnole, le capitaine de la pirogue et l’organisateur du voyage, qui se trouvaient à bord, ont été arrêtés et mis en examen pour « lésions graves », « homicide imprudent » et « incitation à l’immigration clandestine ». Selon les premiers éléments de l’enquête, l’embarcation pourrait être partie initialement avec 52 à 60 personnes à bord, bien plus que le nombre de survivants recensés à l’arrivée.

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