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A Shenyang, au nord-est de Pékin, l’histoire industrielle et les anciens « fous de glisse »

A Shenyang, la capitale du Liaoning (Chine), en avril 2020. CHINA OUT / AFP

LETTRE DE PÉKIN

Chaque matin ou presque, l’esplanade offre le même étonnant spectacle : vêtus de genouillères, de casques et pour certains de bâtons de hockey, une quinzaine d’hommes chaussent leurs rollers et s’adonnent à leur passion : tourner à grande vitesse autour de la sculpture monumentale qui trône au centre de la place entourée d’immeubles modernes, ou s’adonner à une partie de « hockey sur béton » entre amis. Certains ont même fabriqué leur propre matériel, à mi-chemin entre le roller et le skate, qu’ils appellent l’« âne unijambiste ».

La scène n’aurait rien d’extraordinaire si le plus jeune n’avait 60 ans révolus et le plus âgé près de 80 ans. Manifestement, ces personnes sont dans une forme olympique et n’ont, côté santé, pas grand-chose à envier aux retraités européens ou nord-américains. Pourtant, leur vie n’a pas toujours été facile. Loin de là. Ces amoureux de la glisse vivent à Shenyang, la capitale du Liaoning. Située à 700 km au nord-est de Pékin, cette ville de plus de 7 millions d’habitants est connue pour avoir été le cœur de la sidérurgie chinoise jusqu’à la fin du XXe siècle. La plupart de ces hommes sont d’anciens métallos. Il y a encore vingt-cinq ans, ce quartier de Tie Xi abritait d’innombrables cathédrales industrielles, aussi polluantes que déficitaires. Aujourd’hui, la reconversion est quasiment achevée, et c’est devant le centre « récréatif » 1905, une ancienne usine reconvertie en centre commercialo-culturel pour adolescents, que ces retraités s’amusent comme des gamins.

« Bien sûr que la vie était dure. On travaillait même le dimanche sans être payés. Pour le succès du président Mao. Fallait-il qu’on soit stupides ! », se remémore, goguenard, un hockeyeur de 76 ans, sous le regard désapprobateur de ses camarades. Mais cet homme bâti comme une armoire à glace ne se plaint pas : aujourd’hui, il parvient même à économiser pour permettre à sa petite-fille d’aller à l’université.

« Les jeunes s’en vont »

Un ancien militaire de 70 ans cesse de tourner pour nous rejoindre. « La France est encore un grand pays sur le plan diplomatique mais, économiquement, c’est l’Allemagne qui compte. Je le sais, mes enfants travaillent chez BMW. » Un troisième, ancien ouvrier, confirme : « La vie est maintenant plus agréable qu’avant. Mais Shenyang n’a plus l’importance qu’elle avait et les jeunes s’en vont. » Ses propres enfants sont d’ailleurs à Pékin.

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