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Pérou : un pays toujours sans président un mois après l’élection

Des partisans de Pedro Castillo, le candidat sorti vainqueur des urnes, protestent contre l’absence de proclamation des résultats de l’élection présidentielle péruvienne, à Lima, le 6 juillet 2021. SEBASTIAN CASTANEDA / REUTERS

Le 28 juillet 2021 devait être une fête. La célébration des 200 ans de l’indépendance de la tutelle de la couronne espagnole et celle de l’avènement de la République péruvienne. Et, le même jour, l’investiture du nouveau président issu du second tour de l’élection du 6 juin. Pourtant, à la veille du Bicentenaire, le Pérou ne trouve pas beaucoup de raisons de se réjouir, pris dans une crise sanitaire, économique et politique. Un mois après le second tour, le pays n’a toujours pas de président officiellement élu.

Le candidat de la gauche radicale, Pedro Castillo, est arrivé en tête de l’élection, avec environ 44 000 voix d’avance sur son adversaire de la droite populiste, Keiko Fujimori. Mais la proclamation du vainqueur est retardée par les manœuvres du camp fujimoriste décidé à contester les résultats, criant à la fraude sans la moindre preuve.

Aucune fraude avérée

Mme Fujimori, qui risque un procès et peut-être la prison pour blanchiment d’argent dans le cadre d’une enquête sur le financement illicite de ses campagnes électorales de 2011 et 2016, a mobilisé tous ses réseaux pour tenter de faire capoter les élections. La candidate péruvienne a fait parvenir une avalanche de demandes d’annulation de bureaux de vote, pour des « falsifications de signatures » présumées, concernant des dizaines de milliers de bulletins. Des demandes actuellement étudiées par le Comité national des élections (JNE) qui, jusqu’à présent, n’a fait état d’aucune fraude avérée.

La mission d’observation de l’Organisation des Etats américains, les Etats-Unis et l’Union européenne ont pour leur part estimé que le scrutin au Pérou avait été libre et transparent. Ils ont défendu à plusieurs reprises le travail des organismes électoraux.

« Il y avait au départ l’idée de retarder le plus possible la proclamation du vainqueur et d’arriver le 28 juillet sans président, pour que soient convoquées de nouvelles élections. Une stratégie qui ne semble plus pouvoir aboutir [à mesure que le JNE rejette les demandes d’invalidation des bulletins], estime le chercheur en sciences politiques Arthur Morenas, de l’Université de Strasbourg. Aujourd’hui, ce discours est davantage une stratégie pour l’avenir. Le jour où la justice frappera à sa porte, Keiko Fujimori se mettra dans une position de victimisation », jurant avoir été flouée par l’élection.

Tentative de corruption

La stratégie du camp fujimoriste inclut aussi des intimidations des membres du JNE chargés d’analyser les demandes de contestation des bulletins –, ou des appels à l’insurrection, comme ceux d’ex-militaires à la retraite. Mais ce qui a profondément choqué les Péruviens a été la tentative de corruption des membres du JNE, orchestrée par un sinistre personnage de l’histoire péruvienne qui avait été quelque peu oublié : Vladimiro Montesinos, chef du service de renseignement du père de Keiko, l’ex-président Alberto Fujimori (1990-2000).

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