France World

Robert Schuman sur le chemin de la béatification

Le ministre français des affaires étrangères Robert Schuman signe le traité de Paris, le 18 avril 1950, instituant la CECA. AP

LETTRE DE BRUXELLES

Les hommes politiques accèdent rarement à la béatification. En France, depuis Saint Louis, aucun n’a eu droit à tel honneur. Robert Schuman, l’un des pères fondateurs de l’Europe, vient pourtant de faire un pas dans cette direction. Le 19 juin, le pape François a promulgué un décret lui reconnaissant « les vertus héroïques du serf de Dieu ».

Voilà donc l’homme d’Etat français – plusieurs fois député sous la IIIe République, ministre et président du Conseil sous la IVe – élevé au rang de « vénérable ». Même s’il est peu probable qu’il accède un jour au statut de « bienheureux » de l’Eglise catholique ou de « saint » – pour cela, il faut avoir fait des miracles –, Robert Schuman vient à sa manière d’entrer une nouvelle fois dans l’histoire.

L’Eglise salue bien sûr sa foi et son mode de vie pieux : resté célibataire toute sa vie, cet homme, qui avait hésité à devenir prêtre, allait à la messe tous les jours, y compris quand il était ministre, et vivait de manière on ne peut plus frugale.

Une incarnation du pardon

La Vatican a étudié jusque dans les moindres détails les 15 000 pages que le diocèse de Metz – où Robert Schuman s’était installé comme avocat tout jeune et où il a fini ses jours – lui a communiquées, en appui de sa demande de béatification introduite en 1990. Et n’a pas tenu rigueur à Robert Schuman des erreurs qu’il a pu commettre, comme celle de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940, avant d’être arrêté par la Gestapo quelques mois plus tard. « Il est aussi le premier chef de gouvernement français à avoir nommé une femme ministre [dans le gouvernement Schuman de 1947-1948, Germaine Poinso-Chapuis est ministre de la santé] », note Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques-Delors.

Au-delà de ces éléments, « le Vatican réhabilite l’engagement politique », juge cet ancien journaliste de La Croix. A sa manière, en ces temps de défiance, le pape François fait de la politique un chemin de sainteté. Sans doute l’Eglise n’a-t-elle pas été insensible au rôle du jeune député Schuman (élu sur ses terres de Moselle en 1919) dans l’entre-deux-guerres, pour sauver le concordat et sanctuariser « le droit local d’Alsace et de Moselle » . Mais, plus encore, elle aura voulu reconnaître la manière dont il a œuvré à la réconciliation entre la France et l’Allemagne, après la seconde guerre mondiale, et incarné le pardon.

Il vous reste 54.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Robert Schuman sur le chemin de la béatification est apparu en premier sur zimo news.