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Les Instituts Confucius en France, de si discrets relais chinois

Manifestation contre les Instituts Confucius à Mont-Saint-Aignan en 2020. Extrait du documentaire « Chine, la grande offensive », de Michael Sztanke. BABEL DOC

Les têtards frétillent, tracés à l’encre noire sur la page blanche, sous l’œil de la professeure de calligraphie qui félicite l’enfant. Le petit garçon a eu le courage de se lever tôt, ce samedi matin de juin, pour suivre le cours de l’Institut Confucius (IC) de Pau. Mais Léo vient de bon cœur avec son frère, assure sa mère, une Chinoise mariée de longue date à un Français. « C’est leur deuxième maison, ici, leur culture, et je n’ai pas envie qu’ils la perdent. » Vue sous cet angle, l’ouverture dans la capitale du Béarn du dernier-né des instituts de langue et culture chinoises en France, à l’automne 2019, fut une bonne chose. L’association (100 adhérents) est logée par la municipalité, en plein centre-ville. Elle dispose d’un budget de 80 000 euros, financé à parité par l’agglomération et la Chine.

L’artisane de cette réussite est Chengjie Zhang-Pène, « Jessica » pour tous, ici. Cette dynamique quadragénaire est mariée à un entrepreneur béarnais qu’elle a rencontré à Shanghaï, il y a plus de vingt ans, alors qu’elle était cadre du groupe hôtelier Accor, et pour l’amour duquel, devenue française et mère de deux filles, elle a été jusqu’à se convertir au catholicisme. Sous sa direction résolue, le groupe WeChat des Chinois de Pau atteint 300 membres, celui des mamans, 100. Ici, l’institut est arrivé en terrain vierge. Jessica est chez elle à l’hôtel de ville, où elle fut membre de la majorité municipale entre 2014 et 2020. Le président du MoDem et maire de la ville, François Bayrou, la salue d’un complice : « Tiens, tu es là, toi ? »

A Pau, le communiste Olivier Dartigolles, membre de l’opposition, dit « n’avoir pas compris cette passion soudaine de François Bayrou pour la Chine », ce qui n’a, par ailleurs, « suscité aucun débat municipal » – il y a quand même eu une interpellation de l’association France-Tibet sur le non-respect des droits de l’homme par Pékin.

Des incidents sérieux

Créés en 2004 par le Parti communiste chinois (PCC), rattachés à des universités, les Instituts Confucius ont, selon leurs promoteurs, une mission de « soft power » dans le monde, semblable à celle de l’Alliance française ou du British Council. Elle va plus loin, selon le Hanban, le département du ministère de l’éducation chargé de la langue chinoise, qui a précisé leur ambition idéologique : « étendre l’influence du parti » et le « pouvoir adouci de la Chine », puissance autoritaire devenue inquiétante sous bien des aspects.

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