La traque des assassins du président Jovenel Moïse se poursuivait, jeudi 8 juillet, à Port-au-Prince. Au moins six personnes ont été arrêtées par la police haïtienne, a annoncé Mathias Pierre, le ministre chargé des questions électorales. Le ministre a précisé au Washington Post et à l’agence Associated Press qu’au moins deux citoyens américains d’origine haïtienne se trouvaient parmi eux.
S’exprimant lors d’un point de presse télévisé, le chef de la police, Léon Charles, a déclaré que les forces de l’ordre traquaient toujours les commanditaires de l’assassinat, commis dans la nuit du 6 au 7 juillet. Il a par ailleurs appelé la population à coopérer avec les autorités et à ne pas provoquer de troubles, alors que des centaines de personnes s’étaient massées devant le siège de la police, où étaient détenus les suspects, pour demander que ces derniers soient « brûlés ». Un véhicule considéré comme appartenant aux assassins du chef de l’Etat a été incendié, selon des images diffusées par la presse locale.
La foule encercle un commissarait de Petionville, jeudi 8 juillet, où sont détenus deux membres présumés du commando ayant tué le président Jovenel Moïse. VALERIE BAERISWYL / AFP
Plusieurs « auteurs possibles » de l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse « ont trouvé refuge dans deux bâtiments » à Port-au-Prince « et sont encerclés par la police », a de son côté déclaré l’émissaire de l’ONU dans ce pays, Helen La Lime. « Quatre membres du groupe ayant pénétré dans la résidence présidentielle ont été tués par la police, tandis que six autres sont maintenant détenus par la police », a-t-elle précisé de la capitale haïtienne, lors d’une visioconférence de presse avec des journalistes à New York. Selon elle, le nombre de suspects encerclés par la police est supérieur à six.
Deux premiers ministres
L’assassinat de Jovenel Moïse déstabilise encore davantage le pays le plus pauvre des Amériques et, aux questions sur la traque des auteurs de l’attaque, viennent s’ajouter celles sur l’avenir du pays, à commencer par sa gouvernance.
Deux hommes prétendent actuellement diriger la nation de 11 millions d’habitants, dont plus de la moitié a moins de 20 ans. L’un des derniers gestes politiques de M. Moïse avait en effet été de nommer lundi un nouveau premier ministre, Ariel Henry. Celui-ci n’avait pas encore pris ses fonctions. Mais, quelques heures après son assassinat, c’est le premier ministre par intérim, Claude Joseph, qui a décrété l’état de siège, octroyant des pouvoirs renforcés à l’exécutif. La mesure est censée durer quinze jours.
S’exprimant à l’issue d’une réunion d’urgence à huis clos du Conseil de sécurité, demandée par les Etats-Unis et le Mexique et qui aura duré à peine une heure, Helen La Lime a estimé que M. Joseph, représentait l’autorité responsable en Haïti tant que le nouveau premier ministre, Ariel Henry n’aurait pas prêté serment. Elle a évoqué l’article 149 de la Constitution haïtienne à ce sujet. Ariel Henry conteste le pouvoir revendiqué par Claude Joseph.
« S’il y a effectivement un changement dans cette procédure, il devrait être le résultat d’un accord politique entre les parties concernées », a estimé Helen La Lime, en ajoutant que Claude Joseph avait déclaré être « ouvert au dialogue ».
Elle a enfin fait savoir qu’au cours d’une entrevue mercredi avec ce dernier, Claude Joseph lui avait assuré ne pas remettre en question le calendrier électoral, avec un premier tour du scrutin présidentiel le 26 septembre et un second tour en novembre.
« Quand le premier ministre nous a rencontrés hier, il a dit qu’il tentait de maintenir ce calendrier », a précisé l’émissaire de l’ONU. « Il revient maintenant au gouvernement de Haïti et au peuple de travailler afin que ces élections puissent avoir lieu et que la population haïtienne soit en mesure de choisir ses dirigeants », a-t-elle fait valoir.
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