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La mort d’un saisonnier pendant la canicule provoque l’émotion dans l’Oregon

Un travailleur regarde une photo de Sebastian Francisco Perez, décédé lors de la canicule à Saint-Paul, Oregon, le 1er juillet 2021. NATHAN HOWARD / AP

Interrompues dans leur cueillette, les deux femmes détournent le regard. C’est ici que travaillait Sebastian Francisco Perez, l’une des 107 victimes de la vague de chaleur extrême de l’Oregon. Ce 5 juillet, la canicule fait relâche – 29 °C seulement au thermomètre – mais elles sont lourdement vêtues. Quelle que soit la température, c’est « l’uniforme » des travailleurs agricoles : chapeau, cagoule, masque contre les émanations toxiques, gants contre les jus irritants pour la peau, pantalon long, chaussures fermées contre les serpents… Et, oui, elles travaillent dans les champs un jour férié (le 4 juillet tombant un dimanche, le lundi était chômé cette année).

A 60 km de Portland, c’est un paysage bucolique, traversé par la rivière Willamette et encadré par les collines qui produisent le pinot noir, le cru qui fait la fortune de la région. Noisetiers, moutardiers, mûriers, les pépinières succèdent aux fermes. Les pick-up qui amènent les ouvriers agricoles sont garés sur le bas-côté de la route. Parfois accompagnés de toilettes portables. Rarement d’ombre. Mais en ce 5 juillet, Saint-Paul est surtout occupé à déblayer les restes du festival de rodéo, son heure de gloire annuelle, qui s’est terminé en apothéose par le feu d’artifice d’Independence Day.

Une mort « parfaitement évitable »

Sebastian Perez, 38 ans, était arrivé du Guatemala le 5 mai. C’était son deuxième séjour aux Etats-Unis. Il avait pris le risque de revenir parce qu’il avait besoin d’argent pour payer un traitement de fertilité pour son épouse. Il travaillait souvent le samedi – le salaire était plus élevé – pour rembourser le passeur qui l’avait aidé à traverser la frontière, selon les informations collectées par le syndicat des ouvriers agricoles de l’Oregon (PCUN).

Le 26 juin, il a été trouvé sans vie en milieu d’après-midi dans la pépinière Ernst Nursery & Farms, deux heures après la fin de la vacation de son équipe. Le National Weather Service avait émis un avis d’alerte aux températures excessives dès 10 heures du matin. Mais dans l’état actuel de la législation, rien n’interdit aux exploitants de maintenir les saisonniers dans les champs par tous les temps. Leur seule obligation est de leur octroyer une pause toutes les quatre heures, ainsi qu’un accès à de l’ombre et de l’eau potable, indique Ira Cuello-Martinez, le responsable du syndicat en charge du climat.

Une enquête a été ouverte par l’inspection du travail de l’Oregon contre l’horticulteur et le Brothers Farm Labor, un sous-traitant qui fournit la main-d’œuvre. La mort de Sebastian Perez était « parfaitement évitable », estime le syndicaliste. Ernst Nursery & Farms avait été poursuivi en 2014 pour négligence : l’exploitation ne s’embarrassait pas de fournir de l’eau aux ouvriers agricoles. Puis en 2007 et en 2010 : elle ne postait pas les informations requises par la loi sur les pesticides employés dans les champs. A chaque fois, le régulateur a manqué de sévérité, regrette Ira Cuello-Martinez. « Cette fois, on espère que l’Etat va prendre la protection des ouvriers agricoles plus sérieusement. »

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