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A Alger, les défenseurs des animaux vent debout contre l’abattage systématique des chiens et chats errants

Un chat errant sur le bord de mer à Alger, en avril 2019. MOSA’AB ELSHAMY / AP

LETTRE D’ALGER

Chez Haïfa Rezagui, les animaux sont toujours les bienvenus. Y compris les bâtards à qui cette vétérinaire algérienne affirme vouloir « redonner une légitimité ». Militante de la protection animale, elle reçoit, entourée de Melissa, Albert, Dahbia, Mahrez, Zouina… des chiens dont certains sont aveugles, sourds ou amputés.

Tous se sont retrouvés à Staoueli, dans l’ouest d’Alger, au sein d’un champ-refuge loué à un particulier et géré par une dizaine de bénévoles chapeautés par Haïfa Rezagui. Il y a un an, la quadragénaire au visage poupin s’est décidée à créer l’association BCHE (Algeria Billy for Compassion, Humanity and Empathy) pour légitimer ce travail bénévole vieux de plus de quinze ans, accueillir des visiteurs et sensibiliser la population. Mais pas question pour elle de solliciter une quelconque subvention de la part de l’Etat. « Ce ne serait pas logique. Comment ferais-je ensuite pour dénoncer la Galoufa ? », explique-t-elle.

Comme dans un livre de Camus

La Galoufa, c’est le nom que donnent les Algérois aux services municipaux qui capturent les animaux, notamment les chiens et les chats errants, et parfois même domestiques, pour les abattre de manière systématique afin d’éviter les morsures et la propagation de maladies en tout genre. A l’origine de cette pratique qui date de l’époque coloniale française, il y avait, dit-on, Garufa, un Espagnol du quartier populaire de Bab El-Oued. Le personnage s’était fait une spécialité d’attraper les chiens errants à une époque où la rage sévissait encore.

Le spectacle offert par Garufa, dont le nom a vite été transformé en Galoufa dans le parler populaire, animait les rues algéroises. Caricaturé, objet de chansons et de légendes populaires, le personnage trouve même un écho dans le roman autobiographique inachevé d’Albert Camus, Le Premier Homme, paru en 1994.

L’auteur raconte : « Galoufa saisissait alors sur le sommet de la voiture un nerf de bœuf terminé par une chaîne de fer qui coulissait par un anneau le long du manche (…) Le chien capturé, il redonnait du jeu à la chaîne de fer et libérait le cou du chien maintenant captif. Du moins, les choses se passaient ainsi quand le chien ne recevait pas la protection des enfants du quartier. Car tous étaient ligués contre Galoufa. Ils savaient que les chiens capturés étaient menés à la fourrière municipale, gardés pendant trois jours, passés lesquels, si personne ne venait les réclamer, les bêtes étaient mises à mort. »

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