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Le jour où le Salvador s’est converti au bitcoin

Distributeur Bitcoin Beach, à El Zonte (Salvador), le 9 juin 2021. SALVADOR MELENDEZ / AP

Il aura fallu moins de cinq heures à l’Assemblée législative, le 9 juin, pour voter la loi, annoncée trois jours plus tôt sur Twitter par le président, Nayib Bukele : ce jour-là, le Salvador est devenu le premier pays à instaurer le bitcoin comme monnaie officielle, en plus du dollar étasunien adopté vingt ans plus tôt. La loi « Bitcoin » entrera en vigueur le 7 septembre.

Dans ce petit pays d’Amérique centrale de 6,5 millions d’habitants, commentateurs, analystes, économistes ont tenté pendant deux semaines, faute d’explications officielles, de décrypter le texte : quel impact pour l’économie ? Sur l’inflation ? Le fonds de 150 millions de dollars (126 millions d’euros) annoncé pour compenser l’extrême volatilité du bitcoin sera-t-il suffisant ? Qui garantira que sa valeur ne s’écrasera pas un jour, alors qu’elle a été divisée quasiment par deux en deux mois et demi, passant de 65 000 dollars à la mi-avril à 33 000 le 1er juillet ?

The #BitcoinLaw has been approved by a supermajority in the Salvadoran Congress.

62 out of 84 votes!

History! #Btc??

— nayibbukele (@Nayib Bukele ??)

« Si c’est obligatoire, il faudra bien s’y résigner, mais, pour l’instant, on essaie juste de comprendre, soupire Carmen Rodriguez, 59 ans, vendeuse ambulante du centre de San Salvador. Ce n’était peut-être pas le plus urgent à faire… », alors que 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, que 45 % seulement a accès à Internet et que plus de 70 % travaille de manière informelle, sans compte en banque et sans sécurité sociale.

Ces données sont pourtant avancées par le président Bukele pour justifier l’adoption de la cryptomonnaie, qui permettra, selon lui, « l’inclusion financière » des plus défavorisés et l’arrivée d’investissements étrangers. Autre argument, alors que les transferts d’argent de la diaspora aux Etats-Unis vers leur famille restée au pays, les remesas, représentent plus de 20 % du PIB : le paiement en bitcoins évite les lourdes commissions des intermédiaires bancaires ou financiers.

Portefeuille numérique

Le 24 juin, deux semaines après le vote et alors que toutes les spéculations circulaient sur l’interprétation de la loi, le président a finalement expliqué son fonctionnement. Lors d’une allocution d’une heure transmise par toutes les chaînes de télévision et de radio, il a donné des précisions qui ont parfois plus soulevé d’interrogations que donné de réponses. Contredisant, par exemple, l’article 7, qui oblige tout agent économique à accepter le bitcoin comme moyen de paiement, il a assuré, de manière quelque peu confuse, que ce serait en réalité optionnel : « Le commerçant aura l’obligation de les accepter, mais pas de les recevoir, car il aura l’option de convertir instantanément les bitcoins reçus en dollars, sans commission. »

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