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Un apéro avec… Garry Kasparov : « La compétition ne laisse la place à rien dans votre vie, c’est une guerre »

Garry Kasparov, au bar Les Ambassadeurs de l’Hôtel de Crillon, à Paris, le 23 juin 2021. LÉA CRESPI POUR « LE MONDE »

Puisqu’on est nul aux échecs, jouons au Trivial Pursuit : qui est le champion du monde d’échecs en titre ? A moins d’être un adepte des 64 cases, parions que vous ne saviez pas qu’il s’agit du Norvégien Magnus Carlsen.

Question de rattrapage : citez un seul nom de champion d’échecs ? Parions sans grande chance de se tromper que c’est le nom de Garry Kasparov qui sort vainqueur de ce petit sondage sans valeur scientifique. Il est devenu synonyme du jeu qui lui a tout donné – et réciproquement –, à l’instar de Borg ou McEnroe pour le tennis, Pelé ou Maradona pour le football, et Mohamed Ali pour la boxe. Il est devenu le jeu, son incarnation et son synonyme.

C’est avec ces réflexions en tête, et avouons-le un brin d’appréhension que l’on se rend à un apéro avec Garry Kasparov à l’Hôtel de Crillon, place de la Concorde à Paris. Malgré l’heure propice et la carte tentante du bar, il se contentera d’un cappuccino et d’une eau gazeuse.

On n’est pas là pour rigoler. Le grand maître russe est de passage à Paris pour participer à un tournoi exhibition et, surtout, faire la promotion de sa toute nouvelle plate-forme en ligne Kasparovchess.com, fruit d’une collaboration entre le groupe Vivendi et l’organisateur de tournois Grand Chess Tour. Le site, qui diffuse des tournois, héberge également des tutoriels, des documentaires et une master class de Kasparov en quarante-six épisodes. Il y raconte son parcours, ses souvenirs de tournois, dissèque ses meilleures parties. « Il existe pas mal de sites d’échecs très bien faits. Mais celui-ci aura une touche plus personnelle », promet-il en guise de promotion.

Une histoire de rédemption

La plate-forme espère bien tirer profit du regain de popularité des échecs consécutif à la diffusion de The Queen’s Gambit (Le Jeu de la dame), la série de Netflix adaptée du roman éponyme de Walter Tevis paru en 1983. Le succès de cette fiction – une semaine après sa mise en ligne, elle est devenue la plus regardée des mini-séries sur Netflix – a pris tout le monde par surprise, y compris ses concepteurs. Kasparov y a contribué en tant que consultant, afin de s’assurer de la crédibilité des parties montrées à l’écran, de la façon de se comporter des joueurs en compétition ainsi que de l’emprise du système soviétique sur Vasily Borgov, le personnage de champion du monde sortant.

LÉA CRESPI POUR « LE MONDE »

« Je suis content d’avoir participé à cette aventure, raconte-t-il. Le livre est un mythe et nombreux sont ceux qui ont voulu l’adapter sans y parvenir. Scott [Frank, le producteur] a compris qu’un long-métrage ne suffisait pas et qu’il fallait faire une série. On s’est bien amusés, mais jamais nous n’avions imaginé un tel succès. C’est bien, parce que cela change l’image des échecs qui, jusque-là, dans les œuvres de fiction étaient associés à des génies torturés et à la limite de la folie. Là, c’est le contraire : les échecs sauvent l’héroïne de la folie et de ses addictions. C’est une histoire de rédemption. »

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