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Dans le nord de la Cisjordanie, le retrait stratégique de la colonie sauvage d’Evyatar sonne comme une première victoire pour ses promoteurs

Dans la colonie sauvage d’Evyatar, face à la ville palestinienne de Beita, dans le nord de la Cisjordanie occupée, le 1er juillet 2021. ODED BALILTY / AP

Juste avant de partir, les quelque cinquante familles qui s’étaient installées illégalement dans la colonie sauvage d’Evyatar ont érigé une immense étoile de David, face à la ville palestinienne de Beita, sur la colline d’à côté, dans le nord de la Cisjordanie occupée. « Nous reviendrons », ont-ils aussi inscrit.

Vendredi 2 juillet, l’évacuation s’est déroulée exactement comme le nouveau premier ministre israélien, Naftali Bennett, en rêvait : sans heurts devant les caméras. Son gouvernement a forgé un compromis qui ressemble à une capitulation en faveur des colons : les baraques blanches, mélange de construction en dur et de préfabriqués, érigées en quelques semaines dans les champs d’oliviers au sud de Naplouse, resteront debout. Elles seront gardées par des soldats, en attendant que le gouvernement étudie le statut des terres sur lesquelles elles ont été construites.

L’évacuation de la colonie était quasiment inévitable : l’administration civile israélienne, chargée de la Cisjordanie occupée et subordonnée à l’armée, avait déjà ordonné la démolition des bâtiments. A la faveur du nouvel accord pourtant, cette dernière est suspendue. Les colons pensent qu’Evyatar sera bientôt légalisée – selon la loi israélienne du moins, car le droit international considère le transfert de populations civiles d’une puissance occupante vers un territoire occupé comme un crime de guerre.

« C’était le meilleur compromis qu’on pouvait trouver, dit Ayelet Shlisel, porte-parole du mouvement Nahala, qui supervise la communauté, sa fille accrochée à sa longue jupe noire. Nous allons nous éclipser un moment, le temps qu’ils finissent les arrangements bureaucratiques et nous allons revenir. » Entre-temps, elle retournera dans « sa grande maison de 190 mètres carrés » à Ariel, une autre colonie, avec ses cinq enfants. L’Israélienne de 36 ans avait déjà tenté de s’installer à Evyatar, il y a huit ans – des tentes, érigées à la va-vite et démontées quelques jours après.

« Une nouvelle politique »

Jeudi, alors que l’accord définitif venait d’être conclu, personne n’avait encore entamé les cartons. Dans les rues déjà goudronnées, enfants et adolescents passaient d’une maison à l’autre, sous un soleil de plomb, certains, parmi les plus âgés, armés de fusils automatiques. Des jeunes filles transportaient des sacs de ciment : jusqu’au bout, les colons se sont affairés à construire. Quelques baraques avaient déjà l’air conditionné, comme celle de Serah Lisson. Selon cette juive religieuse de 34 ans, mère de six enfants, installée ici dès le début, il y a bientôt neuf semaines, Evyatar a vite crû car « des dizaines de personnes sont venues prêter main-forte, tous les jours ».

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