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Deux joueuses du Mali face aux Angolaises lors d’un match du championnat d’Afrique féminin de basket à Dakar, le 10 août 2019. SEYLLOU / AFP
Elle avait 18 ans et des rêves de matchs plein la tête. En 2000, Roseline Dakouo, engagée depuis plusieurs années dans l’équipe de basket régionale de Sikasso, une ville du sud du Mali, se fait repérer par la puissante équipe de Kati. La jeune sportive pense alors que sa carrière professionnelle est sur le point de décoller. Kati sera à coup sûr la porte d’entrée qui lui permettra de revêtir, un jour, le maillot rouge de l’équipe nationale.
Mais Roseline Dakouo ne s’était pas doutée que le prix à payer pour faire du basket son métier serait si grand. A la fin de l’an 2000, la jeune joueuse part en déplacement à Kati pour rencontrer ses futures coéquipières. A l’issue de l’entraînement, le coach lui aurait proposé de la ramener chez elle. Gentille attention, pense-t-elle.
« Il a voulu qu’on passe par chez lui, pour déposer du matériel. Quand on est arrivé, il m’a demandé de coucher avec lui en me disant que, si je le faisais, il ferait en sorte que j’intègre facilement l’équipe », glisse-t-elle. La basketteuse en devenir, « désabusée et choquée », aurait tenté de s’enfuir avant d’être rattrapée par l’entraîneur : « Il était en colère. Il a tellement insisté… Coûte que coûte, il voulait que je couche avec lui. »
Face à la persistance du refus de la jeune femme, le coach finit par la laisser partir, explique-t-elle. Roseline Dakouo, elle, a dû faire ses adieux aux ballons rouges et aux paniers, préférant abandonner une carrière dont elle avait certes toujours rêvé, mais pour laquelle elle n’était pas prête à tout donner. A commencer par son corps.
« Les pressions des entraîneurs »
Pendant plus de vingt ans, elle garde ce traumatisme enfoui. Le 14 juin, l’affaire lui « remonte à la gorge ». Ce jour-là, le quotidien américain The New York Times et l’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) brisent l’omerta autour des violences sexuelles dans le milieu du basket malien. Leurs enquêtes révèlent que des dizaines de joueuses de basket, adolescentes pour la plupart, auraient été abusées par une douzaine d’entraîneurs. Et ce, depuis le début des années 2000, en toute impunité.
Le 28 juin, le procureur près le tribunal de grande instance de la commune 4 de Bamako a ouvert une enquête. Elle vise pour l’instant deux coachs et Harouna Maïga, le président de la Fédération malienne de basketball (FMBB). « Ce n’est qu’un début », précise une source judiciaire.
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