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Après les alertes sur le climat, à quand un électrochoc ?

Vive la fuite ? Après la fin des confinements, on aurait voulu remettre à la Une la question du climat qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Les écrits révélés la semaine dernière par l’AFP, huit mois avant que ne soit publiée la version définitive du « Résumé à l’intention des décideurs » du 6e rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ont fait l’effet d’un électrochoc. Nous rappelant que le pire est à venir : 2,5 milliards d’individus vont être soumis aux risques climatiques et 80 millions de plus qu’on ne l’évaluait manqueront de nourriture ; des points de bascule dans les systèmes naturels conduisant à d’irrévocables catastrophes pourraient survenir bien plus rapidement qu’envisagé (relargage de méthane par la fonte du permafrost, fonte des glaces polaires, Amazonie devenant savane…) ; risque généralisé de maladies telle la dengue…

Les contenus dévoilés émaneraient des travaux du groupe II du Giec (qui en compte trois) qui se focalisent sur les impacts du changement climatique, la vulnérabilité des sociétés ainsi que les mesures d’adaptation pour faire face. Paradoxe ? Bien des annonces qui font sursauter rejoignent les inquiétudes de quiconque s’intéresse à la question du climat depuis les années 1980 et le premier rapport du Giec en 1988. Mais le ton

plus alarmiste donne de l’écho. A preuve, la réaction immédiate de Greta Thunberg, y voyant l’occasion de regarder  « la réalité en face » !

Peser chaque mot

Si ce n’était si sérieux, la situation pourrait être jugée cocasse. D’un côté, des scientifiques spécialistes du climat, choqués par la fuite dans la presse, se sont imposés le silence. De l’autre, le cri d’alerte faisant le tour de la planète à la vitesse de la lumière a remis leurs travaux sur le devant de la scène. On comprend que les spécialistes intègres, pour rester crédibles, réclament du temps pour peser chaque mot. Le processus de réécriture consistant à obtenir une version finale acceptable par tous, à la virgule près, est en effet à la base de tous les rapports et conventions internationaux…

Cette prudence est rendue d’autant plus nécessaire que les scientifiques ont dû subir, surtout dans les années 1990 et 2000, les attaques des climatosceptiques, marchands de doute pratiquant le déni et qui s’ingéniaient à monter en épingle la moindre imprécision dans les milliers de pages du Giec. Mais dans l’ambiance actuelle, la première partie à paraître début août de son 6e rapport – pages très scientifiques livrant les données les plus récentes sur le climat de la planète – pourrait connaître un regain d’attention inespéré. Tout comme la prochaine COP26, à Glasgow en novembre, au ton principalement économico-politique. Le récent rapport Tirole-Blanchard sur les « Grands défis économiques » n’a-t-il pas mis l’évolution du climat au premier rang de ceux-ci, le qualifiant de « risque existentiel » ?•

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