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En Biélorussie, procès à la chaîne des opposants de Loukachenko

Viktor Babaryko, le 17 février 2021. L’ancien banquier biélorusse de 57 ans est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin. OKSANA MANCHUK / AFP

« Je ne vais pas avouer un crime que je n’ai pas commis. Je n’ai pas honte, car je n’ai commis aucune action illégale. » C’est sur ces mots que l’opposant biélorusse Viktor Babaryko a conclu son intervention, lors de son procès, lundi 28 juin, à Minsk, sous les applaudissements de ses partisans. Considéré comme un prisonnier politique par les organisations de défense des droits de l’homme, cet ancien banquier de 57 ans est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin d’une valeur d’environ 12 millions d’euros quand il dirigeait Belgazprombank, filiale biélorusse d’une banque appartenant au géant russe Gazprom. Le parquet a requis quinze ans de prison, la peine maximale. Sept autres suspects, qui ont plaidé coupable et témoigné contre lui après avoir accepté un accord avec les enquêteurs, encourent des peines plus légères, de trois à six ans et demi de prison.

M. Babaryko, lui, a toujours clamé son innocence et dénonce un procès politique lié à sa candidature à la présidentielle du 9 août 2020. A la tête de Belgazprombank pendant vingt ans, jusqu’en mai 2020, il s’était lancé avec succès en politique pour participer au scrutin. Il avait recueilli plus de 430 000 signatures pour valider sa candidature – quatre fois plus que nécessaire – au point d’apparaître comme le principal rival d’Alexandre Loukachenko. Son ascension a été brutalement interrompue juste avant l’élection. Accusé de corruption et blanchiment d’argent, il a été arrêté en juin 2020 et jeté en prison, comme tous les autres rivaux de l’autocrate qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1994.

La plus proche conseillère de M. Babaryko, Maria Kolesnikova, avait repris le flambeau après l’incarcération de M. Babaryko, avant d’être à son tour emprisonnée, en septembre 2020, ayant refusé de s’exiler. Un mois plus tôt, c’est le premier avocat de M. Babaryko, Maksim Znak, qui avait été arrêté. Le deuxième, Alexandre Pylchenko, s’était quant à lui vu retirer son statut professionnel et avait abandonné l’affaire. Mme Kolesnikova est désormais accusée de « complot visant à s’emparer du pouvoir », a annoncé, vendredi, le parquet biélorusse. Sa période de détention provisoire, extensible jusqu’à dix-huit mois, est régulièrement prolongée dans l’attente de son procès.

« Les poursuites pénales et la détention de Babaryko, de ses proches, de ses amis et de ses anciens collègues n’ont pas été utilisées dans le but de résoudre l’enquête (…), mais sont devenues un outil de discrimination fondé sur l’opinion politique, et un moyen d’exclure Babaryko du processus électoral », a plaidé l’avocate de l’opposant, Natalia Matskevich, au cours des débats. Le jugement est attendu le 6 juillet.

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