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Origine du Covid-19 : Le virus provient-il des fermes à fourrure en Chine ?

Animaux sauvages vendus sur un marché, fuite d’un laboratoire… Plusieurs hypothèses sur l’origine du virus responsable du Covid-19 sont à l’étude. Selon un virologue allemand spécialiste des coronavirus, la transmission vers l’humain pourrait avoir eu lieu au sein d’un élevage de chiens viverrins, exploités pour leur fourrure. Précisions avec 30millionsdamis.fr.

Quand souffrance animale et risque sanitaire vont de pair ! Un an et demi après le premier cas de Covid-19 détecté à Wuhan en Chine, l’émergence du virus SARS-Cov-2 n’en finit pas de susciter les interrogations. S’il ne fait guère plus de doute sur l’identité du « réservoir » initial de l’agent pathogène – les chauves-souris abritant naturellement dans leur organisme une large diversité de virus (FRB, 02/2020) partageant pour certains de nombreuses similitudes avec le SARS-Cov-2 – les investigations portent désormais sur le mode de transmission à l’humain. La réponse se trouverait-elle du côté… de l’industrie de la fourrure ?

Le chien viverrin, possible hôte intermédiaire du virus

Si la piste de la « fuite » du virus depuis un laboratoire de recherche continue à faire débat, une autre hypothèse serait privilégiée au sein de la communauté scientifique internationale : celle de l’« hôte intermédiaire », c’est-à-dire d’une espèce qui, elle-même infectée par une chauve-souris, aurait à son tour transmis le pathogène à l’Homme. Le pangolin a notamment été évoqué, bien que son implication n’ait pas pu être confirmée jusqu’ici. Dans une interview au journal suisse Republik (5/06/2021), le virologue allemand Christian Drosten – spécialiste des coronavirus, la « famille » de virus à laquelle appartient le SARS-Cov-2 – suggère de se tourner vers le chien viverrin, un mammifère [distinct du chien, NDLR] élevé pour sa fourrure.

 

Des études en Chine avaient établi un lien avec les chiens viverrins et les civettes palmistes dans le cas du SARS-Cov-1.
Christian Drosten, virologue

Selon le Pr Drosten, les coronavirus de manière générale « ne se transmettent pas si facilement des chauves-souris aux humains », d’où l’intérêt de rechercher quel animal pourrait alors jouer le rôle d’intermédiaire entre les deux espèces. « Il s’agit souvent d’animaux de ferme entassés en grand nombre, parmi lesquels le virus peut proliférer, affirme le virologue. Prenez le cas des animaux à fourrure. Les chiens viverrins et les civettes poussent des cris, créant des aérosols [micro-gouttelettes de salive émises dans l’air, NDLR]. Les humains peuvent ainsi être infectés par le virus. » Une contamination d’autant plus probable… qu’elle se serait déjà produite par le passé : « D’importantes études réalisées en Chine avaient établi le lien avec les chiens viverrins et les civettes palmistes [félidés sauvages élevés pour leur viande, NDLR] dans le cas du SARS-Cov-1 [coronavirus responsable de l’épidémie de Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) en 2003, NDLR] », souligne le chercheur.

Mais comment un virus présent dans l’organisme d’une chauve-souris parviendrait-il à contaminer des animaux détenus en captivité au sein d’élevages ? « Les animaux à fourrure sont des prédateurs qui consomment des petits mammifères. Dans la nature, ils chassent notamment les chauves-souris, explique le Pr Drosten. Les chauves-souris donnent naissance à tous leurs petits en même temps, lors d’une période précise de l’année. Beaucoup de nouveau-nés tombent au sol. Les prédateurs, qui le savent, se rendent dans les grottes des chauves-souris pour se nourrir. (…) Ils peuvent alors attraper des virus. » Or, les fermes à fourrure achètent régulièrement des animaux capturés à l’état sauvage pour venir agrandir leur cheptel !

A noter que parallèlement aux déclarations du virologue allemand, une étude publiée par des chercheurs chinois, britanniques et canadiens dans la revue Nature Scientific Reports (7/06/2021) révèle que sur quelque 47.000 animaux de 38 espèces différentes – dont 31 espèces protégées – vendues sur les 17 « marchés humides » de la ville de Wuhan entre mai 2017 et novembre 2019, des civettes palmistes, des chiens viverrins et des visons étaient présents… tandis qu’aucune chauve-souris ni pangolin n’avait été observé. « Environ 30 % des animaux [dont les chiens viverrins, NDLR] souffraient de blessures par arme à feu ou par piégeage, impliquant leur capture illégale dans la nature », précisent les auteurs. En revanche, les visons vendus sur ces marchés provenaient, quant à eux, exclusivement de fermes à fourrure.

Des fermes à fourrure insalubres

Si les autorités chinoises ont annoncé l’interdiction de la vente d’animaux sauvages sur les marchés dans le pays, rien ne semble en revanche avoir été entrepris contre le risque de transmission de pathogènes au sein des élevages d’animaux pour leur fourrure. Après avoir visité une douzaine de fermes à fourrure chinoises entre novembre et décembre 2020, l’ONG Humane Society International (HSI) affirmait pourtant qu’aucun de ces établissements n’appliquait les mesures de biosécurité les plus élémentaires, étant dépourvus de stations de désinfection aux points d’entrée et de sortie et laissant les visiteurs libres de circuler sans rappel des précautions de sécurité. Un constat certes ponctuel, mais néanmoins inquiétant eu égard à l’implication possible de cette industrie dans l’émergence du Covid-19.

L’élevage intensif, une bombe à retardement sanitaire

 

Quand un virus s’introduit dans un élevage intensif, c’est buffet gratuit pour lui. Plus rien ne l’arrête.
Franck Courchamp, CNRS

Que le Covid-19 provienne ou non d’une ferme à fourrure, ce qui reste pour l’instant à déterminer, le risque sanitaire lié aux élevages intensifs fait l’objet d’inquiétudes maintes fois exprimées par le milieu  scientifique. « Confiner un maximum d’animaux de ferme génétiquement semblables dans un minimum d’espace, qui plus est à proximité d’espèces sauvages porteuses de virus, fournit un cadre idéal aux pathogènes pour infecter d’autres espèces, avait alerté Franck Courchamp, écologue au CNRS (13/05/2020). Quand un virus s’introduit dans une installation de ce type, c’est buffet gratuit pour lui. Plus rien ne l’arrête. » « Les (futures) pandémies émergeront plus souvent, se propageront plus rapidement, tueront plus de personnes et affecteront l’économie mondiale avec des effets plus dévastateurs que jamais », présageaient quant à eux les experts de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité (IPBES) dans un rapport (10/2020). Pour rappel, parmi les maladies humaines émergentes, les trois-quarts sont d’origine animale. Les mammifères et les oiseaux hébergeant par ailleurs plusieurs centaines de milliers de virus inconnus.

La PPL animaux, toujours pas inscrite à l’ordre du jour au Sénat

Chaque année, 100 millions d’animaux sont abattus pour leur fourrure dans le monde. En France, où 9 Français sur 10 s’opposent à ce sordide commerce (baromètre Fondation 30 Millions d’Amis/Ifop, 2021), la proposition de loi « visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale » (PPL Animaux) votée en 1ère lecture à l’Assemblée nationale prévoit l’interdiction de l’élevage de visons pour leur fourrure dans l’hexagone, le texte excluant toutefois les autres animaux concernés par cette pratique cruelle (lapins angoras, etc.). A ce jour, cette proposition n’a toujours pas été inscrite à l’ordre du jour au Sénat. Pour les animaux comme pour notre santé, il est (plus que) temps d’agir !

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