Joe Biden a annoncé, jeudi 24 juin, un accord avec un groupe de dix sénateurs républicains et démocrates sur un plan d’investissements massifs dans les infrastructures, enregistrant un net succès après des mois de négociations, même s’il devra encore s’assurer du soutien de l’aile gauche de son parti. « Nous avons un accord », a lancé M. Biden à l’issue de cette réunion très attendue. Image rare, il est lui-même sorti pour l’annoncer sur le parvis de la Maison Blanche, en présence des élus.
Ce plan s’appuie sur plus de 1 200 milliards de dollars (1 000 milliards d’euros) d’investissements sur huit ans, a précisé la Maison Blanche, dont 312 milliards de dollars dans les transports, y compris les routes et les aéroports, et 266 milliards dans d’autres types d’infrastructures comme celles permettant le transport des eaux, ou l’Internet à haut débit.
Républicains et démocrates sont parvenus à s’accorder sur leur plus grand obstacle jusqu’ici : le financement de ce vaste projet. Les premiers s’étaient dits farouchement opposés à une hausse des impôts sur les entreprises, proposée au départ par Joe Biden, tandis que la Maison Blanche refusait de son côté d’instaurer de nouvelles taxes qui toucheraient les foyers gagnant moins de 400 000 dollars par an, comme par exemple avec une taxe sur l’essence.
Au final, le plan compte notamment renforcer les inspections fiscales pour « réduire » le montant des impôts impayés et rediriger des fonds débloqués en 2020 pour lutter contre la pandémie qui n’ont pas été utilisés, entre autres mesures.
« La démocratie américaine fonctionne »
Pour le président démocrate, élu sur la promesse de réconcilier l’Amérique, cet accord démontre que « la démocratie américaine fonctionne et peut obtenir des résultats ».
S’il représente une avancée majeure, l’accord annoncé par le président ne marque cependant pas la fin des discussions. « Je n’ai aucune garantie », d’avoir les votes pour faire passer ce projet au Sénat, a reconnu M. Biden, tout en affichant son optimisme. « Aucun des deux partis n’a obtenu tout ce qu’il voulait », a-t-il souligné, assurant que c’était le prix à payer pour obtenir un consensus.
Les deux chefs des majorités démocrates au Congrès ont souligné jeudi que ce plan devrait impérativement aller de pair avec le développement d’un autre vaste projet de loi qui comprendrait d’autres priorités de l’administration Biden. Après des mois de discussions, les négociations s’orientent vers deux voies parallèles.
D’un côté, ce plan sur les infrastructures « traditionnelles » (ponts, routes, aéroports…). Et de l’autre, les priorités de Joe Biden que les démocrates ont surnommées « infrastructures familiales » ou « humaines ». La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a fermement indiqué, jeudi, qu’il n’y aurait pas de vote sur le texte de consensus entre républicains et démocrates sur les infrastructures « à moins » que le Sénat approuve aussi un projet de loi comprenant les autres grandes priorités démocrates : aides aux personnes âgées, gardes d’enfant mais aussi lutte contre le changement climatique. Une déclaration applaudie par des figures de l’aile gauche du parti, comme l’élue de la Chambre Alexandria Ocasio-Cortez.
Jeu d’équilibriste
Le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer, s’était lui dit jeudi matin « encouragé » par l’accord entre ses collègues, tout en rappelant qu’il comptait toujours avancer sur cette double voie de projets « liés » : d’un côté l’accord annoncé par le président sur les infrastructures, et de l’autre une voie parlementaire complexe qui permettrait aux démocrates d’adopter, avec leur seule étroite majorité au Sénat, l’autre volet.
L’équilibre pour maintenir les accords de part et d’autre s’annonce très délicat. Les chefs démocrates doivent en effet impérativement s’assurer du soutien aussi bien de leurs élus plus conservateurs que des plus progressistes, tout en maintenant celui des républicains centristes sur les infrastructures, pour que ces deux projets de lois survivent.
Chuck Schumer a prévu d’organiser les premiers votes de procédures en séance plénière sur l’accord sur les infrastructures dès le « retour » des sénateurs en juillet. La séance sera ajournée à la chambre haute jeudi soir jusqu’au 12 juillet. Il a du même coup annoncé qu’il comptait organiser l’autre vote sur un texte budgétaire qui devrait permettre, in fine, d’adopter l’autre pan du programme Biden « aussi vite que possible ».
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