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Brésil: démission du sulfureux ministre de l’Environnement

Le ministre de l’Environnement Ricardo Salles, l’un des membres du gouvernement de Jair Bolsonaro les plus controversés, a annoncé sa démission mercredi, après avoir été mis en cause dans une affaire d’exportations illégales de bois d’Amazonie.

« J’ai présenté ma démission au président (Bolsonaro) et il l’a acceptée », a déclaré M. Salles, 46 ans, lors d’une conférence de presse.

Le scandale de trafic des bois est intervenu après une série de polémiques impliquant M. Salles, honni des écologistes et qui était de plus en plus sous pression pour démissionner.

Le ministre était aussi pointé du doigt, au Brésil comme à l’étranger, pour l’accélération de la déforestation depuis le début du mandat de Jair Bolsonaro, en janvier 2019.

Une hausse due entre autres, selon ses détracteurs, au fait qu’il a privé de moyens humains et financiers les organes publics de protection de l’environnement comme l’Ibama ou l’ICMBio.

Transport de bois à Igarapé-Miri, dans la région de Baixo Tocantins, dans l’Etat du Para, le 18 septembre 2020 (AFP/Archives – TARSO SARRAF)

M. Salles a tenté mercredi de justifier sa gestion du ministère en expliquant avoir ménagé un équilibre entre la nécessité de protéger l’environnement tout en « respectant l’agronégoce et les entrepreneurs de tous les secteurs, comme l’exploitation minière ou l’immobilier ».

Le désormais ex-ministre a également annoncé qu’il serait remplacé par Joaquim Alvaro Pereira Leite, qui travaillait déjà au ministère, en tant que secrétaire à l’Amazonie et aux Services environnementaux.

Ce dernier était auparavant conseiller de la Société rurale brésilienne, une organisation qui représente les intérêts de l’agronégoce dans le pays.

– « Ministre exceptionnel » –

Le 19 mai, les bureaux de M. Salles avaient été perquisitionnés à la demande du juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, qui avait aussi ordonné la levée de son secret bancaire.

Le ministre de l’Environnement Ricardo Salles, avec à ses côtés le président Jair Bolsonaro, prend la parole lors d’une manifestation d’agriculteurs à Brasilia, le 15 mai 2021 (AFP/Archives – EVARISTO SA)

La Police fédérale enquête sur un « important réseau criminel transnational de facilitation de contrebande de bois », dans lequel seraient impliqués « des responsables comme le ministre Ricardo Salles, d’autres fonctionnaires et des entreprises », avait expliqué le juge Moraes dans son arrêté.

Le président Bolsonaro l’avait pourtant soutenu jusqu’au bout, le qualifiant de « ministre exceptionnel » au lendemain des perquisitions.

En avril, M. Salles avait fait scandale en affirmant lors d’une réunion ministérielle, pendant laquelle il ignorait être enregistré, qu’il souhaitait profiter du fait que les médias étaient concentrés sur la pandémie de coronavirus pour assouplir les normes environnementales.

La déforestation a atteint un niveau record en mai, avec une progression de 41% par rapport à ce même mois de l’année en 2020, alors que la saison sèche est tout juste en train de commencer.

Cette hausse constante met sérieusement en doute l’engagement devant la communauté internationale du président Bolsonaro d’ »éliminer la déforestation illégale au Brésil d’ici à 2030″, soit dix ans plus tôt qu’initialement prévu.

Manifestation contre un projet de loi qui modifie les règles en vigueur de délimitation des terres indigènes, devant le Parlement brésilien à Brasilia, le 23 juin 2021 (AFP – Sergio Lima)

« Salles tombe enfin, mais c’est encore Bolsonaro qui commande », a déploré dans un communiqué le collectif d’ONG Observatoire du Climat.

Cette démission « ne veut pas dire pour autant que le gouvernement Bolsonaro va mettre fin à ses projets environnementaux néfastes », a renchéri Greenpeace.

Et Greenpeace a également souligné qu’au moment où M. Salles annonçait sa démission, une commission parlementaire approuvait « sans débat et en toute hâte » un projet de loi très controversé qui modifie les règles en vigueur de délimitation des terres indigènes.

Mardi, des heurts entre policiers et autochtones qui manifestaient devant le Parlement ont fait plusieurs blessés. Le texte de loi doit encore être voté en séance plénière avant de passer au Sénat pour être adopté.

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