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Mobilisation inédite pour les enfants français de djihadistes détenus dans le Nord-Est syrien

Peu à peu, le sort des quelque 200 enfants de djihadistes français détenus dans le Nord-Est syrien par les forces kurdes perce dans le débat public en France. Une tribune, signée par 110 personnalités de tous bords et publiée par Le Monde, appelle « la France à rapatrier immédiatement ces enfants français qui, victimes de traitements inhumains et dégradants, périssent à petit feu dans les camps syriens ». La grande majorité de ces mineurs a moins de 6 ans. Un colloque est également organisé par la Ligue des droits de l’homme (LDH) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) sur le sujet, lundi 21 juin après-midi au Théâtre du Rond-Point.

Le texte, qui cite tous les avis et recommandations (diverses ONG, rapporteurs et commissaires des Nations unies, Unicef, Croix-Rouge internationale, Commission nationale consultative des droits de l’homme, Défenseur des droits, Parlement européen…) en faveur du rapatriement, argumente tant sur un plan moral que juridique et sécuritaire : « Ces enfants sont innocents. Ils n’ont pas choisi de partir en Syrie ni de naître en zone de guerre ou dans ces camps. Ils sont des victimes que la France abandonne en leur faisant payer le choix de leurs parents. Laisser périr ces enfants dans ces camps est indigne de notre Etat de droit et contraire à nos engagements internationaux. » La dégradation des conditions sécuritaires dans le camp d’Al-Hol, mais aussi aux abords du camp de Roj, fait craindre des évasions et une radicalisation incontrôlable.

Premier appel de la société civile en France

Cette pétition, signée par nombre d’artistes (comédiens, écrivains, réalisateurs), est également partagée par l’islamologue Rachid Benzine, des médecins, comme le psychiatre Boris Cyrulnik, plusieurs magistrats, dont l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, ainsi que des spécialistes de la lutte antiterroriste, comme le président du Centre d’analyse du terrorisme, Jean-Charles Brisard. Il s’agit du premier appel émanant de la société civile en France sur un sujet tabou tant dans l’opinion qu’au sein du gouvernement.

En effet, au moment de la chute de Baghouz, le dernier bastion de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie, le 23 mars 2019, une liste de 250 noms – hommes, femmes et enfants – est établie par les services français pour rapatriement ; 162 d’entre eux sont même affectés à des vols déjà programmés en coordination avec l’armée américaine. Tout est prévu à leur arrivée : parcours judiciaire et mises en détention pour les uns, placement en familles d’accueil pour les autres. Mais l’Elysée change subitement d’avis, sans explication. Peut-être à l’origine de ce revirement, un sondage de l’institut Odoxa de la fin février 2019, dans lequel 89 % des répondants se disent « inquiets » d’un rapatriement, dont 53 % « très inquiets ». Les deux tiers s’opposent même au retour des enfants. Quelques jours plus tard, un détenu djihadiste et sa compagne tentent d’assassiner deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne). Fin du débat.

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