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Nayib Bukele, le premier chef d’Etat à officialiser le bitcoin

Le président du Salvador, Nayib Bukele, le 1er juin, à l’Assemblée législative, à San Salvador. RODRIGO SURA/EFE/SIPA

Légalisateur de cryptomonnaie

Il aura fallu moins de deux heures à l’Assemblée législative du Salvador, mercredi 9 juin, pour voter la loi bitcoin, qui fait de la cryptomonnaie une des monnaies officielles du pays, avec le dollar. C’est sur Twitter que le chef de l’Etat, Nayib Bukele, jeune outsider arrivé au pouvoir en 2019 à l’âge de 37 ans, avait annoncé trois jours plus tôt à peine son intention d’envoyer un projet de loi aux parlementaires. Avant même de connaître l’issue du vote, il a modifié sa photo de profil : dorénavant, des rayons laser sortent de ses yeux, en référence à la communauté des utilisateurs de la cryptomonnaie. En quelques heures et quelques tweets, le dirigeant a réussi à redevenir « le président le plus cool du monde », comme il s’était autoproclamé, et à faire oublier les dérives autoritaires dont l’accuse l’opposition.

Frondeur en politique

Ancien directeur de l’agence de publicité familiale, Nayib Armando Bukele Ortez arrive à la politique par le Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN, gauche). Elu en 2015 maire de la capitale, San Salvador, il en rénove le centre-ville, qu’il transforme en quartier branché. Sa popularité atteint des sommets. Très critique à l’égard de son parti, il en est exclu en 2017. L’occasion pour lui de se présenter à la présidentielle de 2019 comme « indépendant » désirant en finir avec le bipartisme du FMLN et de l’Arena (droite), qui se sont partagé le pouvoir pendant trente ans. Casquette de base-ball vissée à l’envers, Perfecto noir, jeans et barbe impeccablement taillée, il surfe sur le désenchantement de la population vis-à-vis des formations traditionnelles, promet d’en finir avec la corruption et est élu dès le premier tour.

Pourfendeur des libertés

Très vite et sans s’encombrer de formalités, le président millénial licencie des dizaines de fonctionnaires qu’il juge inutiles ou corrompus par de simples tweets lapidaires. Sans majorité à l’Assemblée législative, il bataille toute l’année pour imposer ses mesures. Le 9 février 2020, il débarque dans l’enceinte du Congrès, entouré de militaires armés jusqu’aux dents, pour faire voter le budget d’un plan de sécurité. Et, lorsque le Tribunal constitutionnel lui ordonne de cesser les détentions « forcées » pendant la pandémie, il l’accuse de menacer la « santé des Salvadoriens » et refuse d’obtempérer. Pendant l’épidémie de Covid-19, il n’hésite pas à envoyer les récalcitrants ne respectant pas le confinement dans des centres de rétention insalubres.

Putschiste parlementaire

Presque deux ans après son arrivée au pouvoir, les Salvadoriens récompensent aux législatives l’efficacité de sa lutte contre le Covid-19 et contre la criminalité. Son parti, Nuevas Ideas (NI), obtient le contrôle absolu de l’Assemblée le 28 février. Dans l’heure suivant son investiture, le 1er mai, ce nouveau Parlement destitue le tribunal constitutionnel ainsi que le procureur général. Un véritable « coup d’Etat », selon l’opposition, dénoncé par la communauté internationale.

Le 4 juin, le nouveau procureur annonce le démantèlement de la Commission internationale contre l’impunité au Salvador, voulue par Nayib Bukele en 2019, mais qui commençait à s’intéresser d’un peu trop près à son entourage. La loi bitcoin parviendra-t-elle à redonner durablement au président l’image de réformateur moderne et novateur qu’il avait réussi à se forger avant son élection ? Au Salvador, beaucoup en doutent.

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