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Le conflit israélo-palestinien, entre paralysie politique et nouvelles perceptions

A Gaza, le 9 juin 2021, près des décombres de maisons détruites lors des frappes aériennes israéliennes. MOHAMMED SALEM / REUTERS

Quoi de neuf dans le conflit israélo-palestinien ? Posée de façon triviale, la question peut surprendre. Une guerre en soi est un événement et une nouvelle a eu lieu récemment. Plus de 4 300 roquettes ont été tirées en onze jours de la bande de Gaza, de façon indiscriminée, vers les zones d’habitation civiles israéliennes. L’armée, elle, dit avoir frappé 1 500 cibles dites « militaires », attribuées aux factions palestiniennes. Des tirs prétendument « chirurgicaux » sur le petit territoire palestinien supplicié, tuant plus de 200 personnes, dont 66 enfants. Un scénario semblable à celui de l’été 2014, à une échelle différente et sans présence de troupes au sol.

Et ? Rien. Tout ce feu n’a servi à rien. Il n’a pas modifié la donne sécuritaire, malgré les communiqués triomphants de part et d’autre sur les coups portés à l’adversaire, ni la donne politique. L’Egypte s’impose, évidemment, comme incontournable médiateur. Un cessez-le-feu est entré en vigueur jusqu’au prochain désastre. Il est à nouveau question − rires nerveux − d’un retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, qu’elle néglige depuis si longtemps.

On peut aussi escompter une nouvelle conférence de donateurs. Le Qatar, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis seront invités à contribuer. Les Gazaouis attendront une nouvelle becquée, puisqu’on les réduit à l’état de mendiants privés de tout droit. On jettera sur papier des projets ambitieux d’infrastructures ou de zones franches qui ne verront jamais le jour, mirages éternels.

L’ambiguïté rassurante de l’occupation sans fin

Mais derrière ce constat déprimant, il serait erroné de croire que les eaux demeurent stagnantes. Il faut opérer une distinction entre l’évolution des opinions publiques et l’équilibre des forces, entre la perception du conflit et ses paramètres. Nous venons d’assister à plusieurs phénomènes concomitants.

D’abord, la fin d’une séparation traditionnelle − psychologique et politique − entre les territoires palestiniens occupés et ce qu’il se passait en Israël même, à l’intérieur de la ligne verte. Longtemps, on a considéré les 19 % d’Arabes israéliens comme une minorité soumise, cherchant une place plus favorable au soleil, tournant le dos à leurs frères de Cisjordanie et de Gaza. Les récentes émeutes dans plusieurs villes du pays, les actes d’agression entre Juifs et Arabes, ont percé cette bulle, qui permettait aux Israéliens de se désintéresser de l’occupation, de son cortège quotidien de violences, d’humiliations, de discriminations et d’expropriations.

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