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En Israël, un gouvernement de fortes individualités

Le président israélien, Reuven Rivlin, entouré du nouveau gouvernement du pays, dont Naftali Bennett, le premier ministre, à gauche, et Yaïr Lapid, le ministre des affaires étrangères, à droite, le 14 juin 2021 à Jérusalem. RONEN ZVULUN / REUTERS

Dans sa démesure, ses tiraillements, sa diversité qui donne le vertige, le nouveau gouvernement israélien est représentatif d’Israël. Le vote de confiance au Parlement qui l’a fait naître, dimanche 13 juin, ne lui confère qu’une légitimité étriquée : 60 voix sur 120 plus une abstention. Nul ne sait combien de temps cette coalition de huit partis, qui vont de l’extrême droite à la gauche, saura vivre ensemble.

Elle surprendra si elle tient jusqu’en 2023, date à laquelle son point d’équilibre, le centriste Yaïr Lapid, pour l’heure ministre des affaires étrangères, doit succéder à Naftali Bennett. Les accords qu’ils ont finalisés vendredi ne fixent pas un programme, mais une vague galerie d’aspirations. Déjà ils se divisent sur une limite de la charge du premier ministre à deux mandats ou huit ans, une mesure qui empêcherait le retour de M. Nétanyahou. Les droits de veto qu’ils s’accordent mutuellement risquent de mettre en péril la coalition à toute occasion, ou de la priver de marge de manœuvre pour gérer les affaires courantes.

Accès pluraliste au mur des Lamentations

Cependant, une évidence saute aux yeux face à ces 27 ministres, dont neuf femmes et au moins un Arabe – Issawi Frej, membre du parti de gauche Meretz –, les islamistes de Mansour Abbas ayant encore à statuer sur les modalités de leur participation : Israël n’a plus connu un tel nombre d’individualités fortes, capables d’influencer le gouvernement, depuis le deuxième mandat de Benyamin Nétanyahou (2009-2013).

Le général centriste Benny Gantz a renoncé à son ambition de lui succéder, pour demeurer au ministère de la défense. A ses côtés, des dissidents de droite se taillent une belle place. Avigdor Lieberman, le plus expérimenté d’entre eux, promet de peser à la tête du ministère des finances. Cet inflexible se trouve en contre-emploi : il lui reviendra de négocier d’ici quatre mois un budget de deux ans, qui manque au pays depuis 2020. « Alors seulement, le Likoud comprendra qu’il est dans l’opposition », relève un cadre dirigeant du parti de M. Nétanyahou.

M. Lieberman, laïque militant, tâchera aussi de faire adopter un compromis historique sur un accès pluraliste des croyants au mur des Lamentations, auquel M. Nétanyahou avait renoncé en 2017, sous la pression de ses alliés ultraorthodoxes. Vivement attaqué par ces partis, le gouvernement pourrait ouvrir dès lundi une enquête sur le drame du mont Méron, lieu de pèlerinage où une bousculade a fait 45 morts en avril. Mais nul n’attend qu’il remette fondamentalement en cause les rapports de l’Etat à la sphère religieuse.

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