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En Espagne, les droites manifestent contre le projet de gracier les dirigeants indépendantistes catalans

Manifestation à Madrid contre les grâces que Pedro Sanchez entend accorder aux indépendantistes catalans, dimanche 13 juin 2021. GABRIEL BOUYS / AFP

Sous un soleil de plomb, une marée de drapeaux rouge et or a inondé la place Colon et les rues adjacentes, dans le centre de Madrid, ce dimanche 13 juin. « Sanchez démission », « Non aux grâces », « ce n’est pas de la magnanimité, c’est une trahison » : derrières ces slogans, des milliers de personnes – près de 25 000 selon la police nationale, 125 000 selon la police municipale -, ont manifesté leur colère contre les grâces que le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez entend accorder aux neuf leaders indépendantistes catalans condamnés en 2019 pour sédition à des peines allant de 9 à 13 ans de prison, à la suite de la brève tentative de déclaration unilatérale d’indépendance d’octobre 2017.

« Ce qu’ils ont fait n’est rien de moins qu’un coup d’Etat, et cela ne peut pas se pardonner : il faut défendre l’ordre et le respect des lois », estime Maria, avocate de 53 ans venue avec sa fille de 20 ans et son fils de 17 ans, qui portent chacun un drapeau espagnol sur le dos, comme une cape. « Il y en a marre de ce gouvernement et du chantage des indépendantistes : qu’ils purgent leur peine », ajoute Fran Pinilla, agent d’assurance de 25 ans. « S’il accorde les grâces, Sanchez restera dans l’histoire comme le plus grand traître de l’histoire de l’Espagne », conclut José Maria Gomez, 70 ans, qui brandit une pancarte contre le chef de l’exécutif.

Une décision impopulaire

Près de 61 % des Espagnols seraient opposés au projet gouvernemental de grâces, selon un sondage paru dans le quotidien conservateur El Mundo le 7 juin. Même parmi les électeurs socialistes, plus de 52 % s’y opposeraient. Un coût électoral que M. Sanchez semble prêt à assumer. « Le coût serait de laisser les choses comme elles sont : enkystées », a-t-il déclaré le 31 mai.

Depuis des semaines, la question des demandes de grâces – déposées l’an dernier par des avocats et associations proches des indépendantistes emprisonnés auprès du gouvernement -, monopolise et enflamme le débat public en Espagne. Le 25 mai, Pedro Sanchez a fait appel aux « valeurs constitutionnelles » de « concorde et dialogue » et demandé de mettre de côté « la revanche et la vengeance », pour justifier son initiative.

D’un côté, le gouvernement a décidé de préparer le terrain d’une plus que probable levée des peines de prison, en souhaitant entamer « une nouvelle étape », « panser les blessures » et favoriser le « vivre ensemble » en Catalogne. De l’autre côté, l’opposition en bloc – le Parti populaire (PP, droite), les libéraux de Ciudadanos et l’extrême droite Vox – l’accuse de « vendre l’Espagne aux séparatistes » pour rester au pouvoir.

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