France World

Le président mexicain voit sa marge de manœuvre réduite pour transformer le Mexique

Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, lors d’une conférence de presse, après les résultats des élections de mi-mandat, le 7 juin, à Mexico. HENRY ROMERO / REUTERS

« Le président des pauvres a pris une claque », lâche Antonio Gallegos, assis en terrasse au centre de Mexico, en réaction au mégascrutin législatif et local du dimanche 6 juin au Mexique. « Tu n’es qu’un fifi [petit-bourgeois] qui a peur de perdre ses privilèges », lui rétorque son ami Alejandro Tavera, inconditionnel du président de centre gauche, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »). L’échange entre ces quadragénaires autour d’un verre, pour l’un à moitié vide, pour l’autre à moitié plein, reflète les résultats mitigés des élections de mi-mandat. « AMLO » sauve son projet réformateur. Mais il n’a plus les coudées franches pour le réaliser.

L’intéressé, lui, s’est dit « heureux ! », répétant le mot à trois reprises, lundi 7 juin, au lendemain du plus grand scrutin de l’histoire du pays, avec plus de 2 000 mandats municipaux, régionaux et législatifs en jeu. La victoire semble pourtant douce-amère pour « AMLO » : la plupart des électeurs ont confirmé leur confiance envers le président. Son Mouvement de régénération nationale (Morena) reste le premier parti du pays, avec un pouvoir territorial étendu. En revanche, sa marge de manœuvre législative s’est réduite.

Morena ne dispose plus de sa confortable majorité absolue à la Chambre des députés. Avec 35 % des voix, le jeune parti d’« AMLO » perd 55 des 253 sièges de députés acquis depuis sa victoire triomphale à l’élection présidentielle (53 % des voix) de 2018. Morena reste néanmoins majoritaire au Congrès, grâce à ses alliés, le Parti des travailleurs (PT) et le Parti vert (PVEM). Leur coalition compte désormais 280 des 500 sièges législatifs, contre 333 auparavant. Le trio contrôle déjà le Sénat, dont les sièges n’étaient pas à pourvoir le 6 juin.

« Pari gagné pour l’opposition »

« La bonne humeur apparente d’AMLO masque mal son embarras, commente le politiste Ricardo Uvalle. Certes, sa majorité absolue avec ses alliés lui permet de garder la main sur le vote du budget. Mais il perd sa majorité qualifiée [deux tiers des sièges], nécessaire aux futures réformes constitutionnelles de sa “4T”. » La « 4T » est le surnom donné à son ambitieuse « quatrième transformation du Mexique », après l’indépendance de 1810, la réforme (1858 à 1961, instaurant la laïcité) et la révolution de 1910. Ce projet nationaliste rompt avec le régime clientéliste et corrompu, instauré durant soixante et onze ans par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre) jusqu’en 2000, puis maintenu par l’alternance politique du Parti action nationale (PAN, droite), avant le retour au pouvoir du PRI de 2012 à 2018. L’axe phare d’« AMLO » reste la lutte contre la pauvreté, qui frappe la moitié des Mexicains, victimes, d’après lui, des « politiques néolibérales » des gouvernements précédents.

Il vous reste 54.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Le président mexicain voit sa marge de manœuvre réduite pour transformer le Mexique est apparu en premier sur zimo news.