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« En Europe, Joe Biden dit vouloir rassembler les démocraties du monde. C’est le cri de ralliement de la forteresse assiégée »

Chronique. Dans une brève tribune publiée dimanche 6 juin par le Washington Post, le président Joe Biden explique ce qu’il vient faire en Europe, qui l’accueille du 11 au 16 juin pour son premier voyage à l’étranger depuis son élection : « Rassembler les démocraties du monde autour de l’Amérique. » Le mot « démocratie » ou « démocratique » apparaît pas moins de treize fois dans le texte.

C’est le cri de ralliement de la forteresse assiégée. Dans les briefings et les séminaires préparatoires à ce voyage organisés par divers responsables de l’administration Biden pour experts et journalistes des deux côtés de l’Atlantique, l’expression « nos valeurs démocratiques partagées » a figuré en tête des éléments de langage.

Une sorte d’automatisme de rigueur, parce que, si cela devrait aller sans dire, cela va quand même mieux en le disant – s’il est un signe que l’ère des démocraties conquérantes est révolue, c’est bien celui-là. Rescapé du tumulte américain, Joe Biden débarque en Europe quelques jours après l’anniversaire du D-Day, mais l’offensive héroïque est bien loin : bienvenue dans l’ère des démocraties sur la défensive.

A Londres, où le président américain atterrit jeudi pour participer au sommet du G7 en Cornouailles, le magazine The New Statesman demande cette semaine s’il est possible d’envisager un « retour de l’Occident ». En 2013, rappelle-t-il, la dernière fois que le Royaume-Uni a présidé le G7, la Russie n’avait pas encore annexé la Crimée et Xi Jinping n’était pas encore président à vie. On pourrait ajouter que Boris Johnson n’était que maire de Londres et que Brexit était un mot qui ne voulait rien dire. C’était il y a seulement huit ans ! Le G7 était d’ailleurs le G8, avant de redevenir le G7 l’année suivante, lorsque la Russie en a été expulsée pour avoir, précisément, envahi l’Ukraine. En Turquie, Recep Tayyip Erdogan n’avait pas encore basculé dans le tout-répressif. Et Narendra Modi n’avait pas encore plongé la démocratie indienne dans les abîmes du nationalisme hindou.

Recul démocratique

Il sera beaucoup question de MM. Poutine et Xi au cours de ces retrouvailles transatlantiques, mais au moins leur statut est-il clair : eux sont des adversaires de la démocratie.

Celui de MM. Erdogan et Modi, pour ne citer qu’eux, est plus compliqué. Ils font en quelque sorte partie de la famille, puisque le président turc participera au sommet de l’OTAN la semaine suivante, à Bruxelles, en marge duquel il s’entretiendra avec Joe Biden. Le premier ministre indien, lui, a renoncé à venir au G7 en raison de la situation sanitaire dans son pays, mais il y était invité.

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