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Covid-9 : le Canada prône un plan de relance « féministe »

« Au printemps 2020, il a suffi de quelques jours pour que je découvre que tout ce que je savais faire n’existait plus. » Ce ne fut pas la seule découverte de Manon, créatrice de spectacles pour le Cirque du Soleil, qui a cessé toutes ses activités dès le début de la pandémie. « Le Covid-19 m’a également permis de réaliser que j’avais une vie glamour jusque-là, mais que la plupart des gens avaient des boulots bien plates [« ennuyeux », en québécois] », lance-t-elle dans un éclat de rire.

Car si la Québécoise a bénéficié, comme près de 9 millions de Canadiens, de la prestation canadienne d’urgence (500 dollars, soit 339 euros par semaine) d’Ottawa pendant les sept premiers mois de l’épidémie, Manon s’est ensuite résolue, à 56 ans, à suivre une formation pour devenir factrice, un métier payé 20 dollars de l’heure quand elle en gagnait 100 auparavant. Mais les horaires décalés et les clients peu respectueux l’ont poussée à lâcher l’affaire pour enchaîner les petits jobs, en attendant la reprise des shows.

« Les femmes ont été les plus touchées par cette crise, parce qu’elles partaient de plus loin que les hommes », explique Sandy Torrès, sociologue à l’Observatoire québécois des inégalités. Surreprésentées dans les secteurs d’activité les plus exposés au virus, les infirmières, aides-soignantes ou enseignantes ont subi de plein fouet la première vague. « Par ailleurs, poursuit-elle, 60 % des emplois à bas salaire [15 dollars de l’heure] sont occupés par des femmes, dans la restauration, le tourisme, le commerce de détail. Ils ont été les premiers à disparaître. Enfin, celles qui étaient à temps partiel ont également réduit leurs horaires, ce qui n’est pas sans conséquence sur un appauvrissement général des femmes à long terme. »

L’Institut de la statistique du Québec estime que, sur les 208 500 emplois perdus en 2020, 113 100 étaient détenus par des travailleuses et, à l’échelle canadienne, 16 000 femmes auraient renoncé purement et simplement depuis un an à leur présence sur le marché du travail, disparaissant des chiffres de la population active.

« L’impression d’un bond en arrière »

Reconnaissant cette « récession au féminin », le gouvernement libéral de Justin Trudeau a choisi de faire des femmes une priorité de son plan de relance post-pandémie. La veille de la présentation du budget fédéral 2021-2022, le 18 avril, la nouvelle ministre des finances, Chrystia Freeland, s’affichait sur Twitter en tee-shirt noir orné du slogan « Je parle féministe ».

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