France World

A Hongkong, l’intimidation policière n’a pas éteint l’esprit du 4 juin

Une artiste participe à une performance dans le quartier de Causeway Bay, à Hongkong, le 3 juin 2021, en hommage aux victimes de la répression meurtrière de la place Tiananmen, à Pékin, au printemps 1989. ISAAC LAWRENCE / AFP

Le parc Victoria n’aura jamais été aussi vide, un soir de 4 juin. Car depuis les événements du printemps 1989 à Pékin, que les Hongkongais avaient suivi de très près et qu’un certain nombre étaient même partis soutenir sur place, c’est là, à 2 000 kilomètres de la capitale chinoise, sur cette immense esplanade vert gazon de terrains de sport juxtaposés les uns aux autres, qu’année après année, les morts de Tiananmen, connus et inconnus, ont été honorés, au gré d’images, de témoignages, de discours, de milliers de petites flammes et de chants.

« C’est étrange. On est juste venus pour voir… Mais ce n’est pas parce que le parc est vide que nos cœurs ont oublié », affirme une femme venue avec son fils, jeune ingénieur, visiblement réticente à témoigner. « Pour le moment, on est dans l’impasse mais on garde à l’esprit “Be water” [« Soyez comme l’eau », le mode d’action des manifestants de 2019 inspiré de Bruce Lee] et on garde espoir », ajoute le fils.

Pour monter la garde de ce parc dépeuplé, des centaines de policiers, des agents de liaison, des observateurs en civil, et des employés des services sanitaires affublés de petits haut-parleurs à la ceinture qui débitent les consignes pour « ensemble, combattre le virus ». Au total, 7 000 policiers ont été déployés à travers le territoire vendredi soir, presque un cinquième de l’ensemble de la force.

« Complot en vue de subversion »

Non loin du parc, juste en face d’une sortie du métro de Causeway Bay, un stand propose aux passants d’envoyer des messages aux prisonniers politiques hongkongais, notamment les « 47 » accusés de « complot en vue de subversion » sous la nouvelle loi de sécurité nationale imposée par Pékin l’an dernier, pour avoir organisé ou participé à de simples élections primaires en juillet 2020. Les noms des 100 prisonniers les plus connus sont listés.

« Les gens peuvent choisir à qui envoyer leur message. Le but est de montrer à ceux qui sont en prison que dehors on ne les oublie pas, et aussi de rappeler à ceux qui sont encore libres que certains payent très cher le combat qu’ils ont mené pour nous tous », explique un bénévole. Le camp prodémocratie, qui, dans sa pluralité de générations et de tendances (de modérés à radicaux indépendantistes), forme l’opposition politique de la région administrative spéciale de Chine, a été littéralement décimé par une série d’actions en justice du gouvernement lancée depuis un an. Au point qu’aujourd’hui, 95 % des élus et des représentants de l’opposition sont en prison, un grand nombre à titre préventif.

Il vous reste 71.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article A Hongkong, l’intimidation policière n’a pas éteint l’esprit du 4 juin est apparu en premier sur zimo news.