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Nitrites: les charcutiers marquent un point face à Yuka

C’est une première manche judiciaire gagnée pour les industriels de la charcuterie face à l’appli star de notation des aliments Yuka. Le tribunal de commerce de Paris a condamné l’appli pour « dénigrement au préjudice » et jugeait qu’elle avait une « pratique commerciale déloyale et trompeuse ». Un jugement dont Yuka a fait appel. Le nœud de l’affaire? La manière dont Yuka parle des nitrites dans son application. La présence dans les produits alimentaires de ces additifs utilisés pour la conservation mais dont l’impact sur la santé est questionné est en effet prise en compte dans la grille de notation de Yuka –les additifs comptent pour 30% de la note– mais l’appli renvoie également sur une pétition lancée avec Foodwatch et la Ligue contre le cancer, intitulée « Stop aux nitrites ajoutés dans notre alimentation ».

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Une prise de position engagée loin d’être du goût des professionnels de charcuterie: la Fédération des entreprises de charcuterie traiteur (FICT) avait saisi la justice après un échange épicé et largement médiatisé fin 2020. « Nos membres étaient particulièrement choqués qu’un utilisateur de l’application qui flashait un produit de charcuterie obtienne une note parfois de zéro et qu’il y ait un lien sur une pétition demandant l’interdiction des nitrites, pointe

Bernard Vallat, président de la FICT. On trouvait ça insupportable d’être traités d’empoisonneurs. » Et Bernard Vallat de se déclarer satisfait de cette décision « en faveur des entreprises qui respectent la loi ».

« Pression médiatique très forte »

Face à ce jugement qui interdit tout lien direct entre les fiches relatives aux produits de charcuterie et la pétition, Yuka « exprime son incompréhension ». L’appli ne compte pas baisser les bras et a décidé de faire appel. La cofondatrice de Yuka, Julie Chapon, précise d’ailleurs que « la FICT a été déboutée d’une très grande partie de ses demandes, et notamment de sa demande la plus importante visant à modifier le système de notation Yuka, et en particulier la notation des nitrites ». Et l’application de rappeler dans son communiqué que « l’OMS a classé la charcuterie comme cancérigène certain et les nitrites/nitrates ingérés comme cancérigènes probables ». La FICT met de son côté en avant le respect de la réglementation européenne et les avis de l’Efsa, l’autorité européenne de sécurité des aliments.

« C’est un dossier complexe avec une pression médiatique très forte », ajoute Bernard Vallat. Signe de l’attention portée au sujet des nitrites dans la charcuterie, un rapport parlementaire dévoilé en début d’année recommandait leur interdiction à l’horizon 2023 dans les produits crus et 2025 dans les produits cuits. L’Anses, saisie du sujet, doit également se prononcer dans les prochains mois.

Le « sans nitrite », un argument marketing désormais

« Notre volonté de rendre le secteur de l’agroalimentaire plus transparent et de pousser les industriels à améliorer la composition de leurs produits », martèle de son côté Yuka. Et de ce point de vue, la démarche semble porter ses fruits. L’agroalimentaire fait évoluer ses produits –et son discours– face aux nouvelles demandes des consommateurs. Et les industriels de la charcuterie ne font pas exception. L’observatoire de l’alimentation (Oqali) note ainsi une baisse de 4 points de l’utilisation de nitrite de sodium dans la charcuterie même si 7 produits sur 10 en contiennent encore.

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« Notre entreprises veulent s’adapter à la demande sociétale, qu’elle soit rationnelle ou pas », explique Bernard Vallat, tout en rappelant la complexité de se passer des nitrites en assurant la sécurité du produit alimentaire. La FICT évoque notamment une évolution en cours du Code des usages de la charcuterie qui « permettra de réduire de près de 50% le nombre d’additifs autorisés dans les recettes ».  De nombreux poids-lourds du secteur se sont déjà emparés du sujet du « zéro nitrite » devenu un argument marketing central. Fleury Michon et Herta entre autres. Pour le développement de sa marque Naturals en France, le spécialiste de la charcuterie italienne haut de gamme Rovagnati met lui aussi en avant le côté « sans nitrite »… Avec Yuka qui a fait appel du jugement, le sujet du « sans nitrite » en France est loin d’être terminé.

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