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Les dirigeants ouest-africains se penchent à nouveau sur le sort du Mali

Publié le : 30/05/2021 – 10:17Modifié le : 30/05/2021 – 10:20

Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se réunissent dimanche à Accra pour évoquer la situation au Mali et prendre d’éventuelles sanctions contre la junte militaire responsable d’un deuxième coup d’État contre le pouvoir civil en moins d’un an.

Fermeté ou mansuétude ? Les dirigeants ouest-africains se réunissent dimanche 30 mai au Ghana pour trancher la question épineuse de leur réponse au double putsch des militaires maliens, le colonel Assimi Goïta, désormais officiellement président du Mali, étant lui aussi invité à Accra.

Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se retrouvent à partir de 14 h (locales et GMT) dans la capitale ghanéenne en sommet extraordinaire exclusivement consacré au Mali.

La Cédéao a invité le colonel Goïta à venir à Accra dès samedi pour des « consultations », indique un courrier de l’organisation consulté par l’AFP. Selon la présidence du Mali, il est bien parti samedi pour le Ghana et prendra part dimanche au sommet.

Le président français Emmanuel Macron a de son côté averti, dans un entretien au Journal du dimanche, que Paris « ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».

Le colonel Goïta, nouvel homme fort

La Cour constitutionnelle malienne a déclaré vendredi le colonel Goïta président de transition du pays, parachevant le coup de force déclenché lundi contre ceux qui se trouvaient entre lui et la direction de ce pays, plongé dans la tourmente mais crucial pour la stabilité du Sahel face à l’essor jihadiste.

La Cour constitutionnelle a ainsi officialisé un fait accompli auquel les partenaires du Mali avaient essayé de s’opposer après le coup d’État d’août 2020.

Assimi Goïta et un groupe de colonels avaient alors renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta après des mois de contestation populaire. La junte avait dû, sous la pression internationale, accepter la nomination d’un président et d’un Premier ministre civils. Elle s’était engagée à organiser des élections et à rendre le pouvoir à des civils à l’issue d’une transition de 18 mois.

La junte avait cependant taillé pour Assimi Goïta une vice-présidence sur mesure, investie des charges primordiales de la sécurité. Les colonels avaient nommé les leurs aux postes clés.

Lundi, l’ancien commandant de bataillon des forces spéciales a fait arrêter le président et le Premier ministre, cautions civiles de la transition. La version initiale d’une destitution autoritaire est devenue officiellement une démission.

L’engagement pris pour une transition civile est foulé aux pieds, suscitant le doute sur les autres, à commencer par la tenue d’élections début 2022. La junte a dit ces derniers jours qu’elle comptait respecter le calendrier, mais a ajouté qu’il pouvait être soumis à des aléas.

La Cour constitutionnelle écrit que le colonel Goïta présidera la transition jusqu’au bout.

>> À lire aussi : « Crise politique au Mali : de jeunes Maliens de France expriment leur désillusion »

Menace de sanctions

Vendredi, dans un apparent effort pour mobiliser des soutiens intérieurs, le colonel Goïta a dit son intention de nommer « dans les jours à venir » un Premier ministre issu d’un collectif qui avait mené en 2020 des mois de contestation contre l’ancien président Keïta mais que les colonels, une fois le chef de l’État renversé, avaient pris soin de laisser en marge de la transition.

Même avec un tel Premier ministre, la désignation d’Assimi Goïta met les voisins et les partenaires du Mali au défi d’une réponse.

La Cédéao avait corédigé avec l’Union africaine, la mission de l’ONU au Mali (Minusma), la France, les États-Unis et d’autres un communiqué rejetant « par avance tout acte imposé par la contrainte, y compris des démissions forcées ».

Une mission de la Cédéao dépêchée au cours de la semaine au Mali a évoqué l’éventualité de sanctions. La France et les États-Unis, engagés militairement au Sahel, en ont brandi la menace.

« La transition politique sera dirigée par un civil » et « le vice-président de la transition (…) ne pourra en aucune manière remplacer le président de la transition », avaient déclaré les dirigeants ouest-africains lors d’une réunion avec la junte le 15 septembre 2020 après le premier coup de force.

La Cédéao avait suspendu le Mali de tous ses organes de décision, fermé les frontières de ses États membres et stoppé les échanges financiers et commerciaux avec le Mali, à l’exception des produits de première nécessité.

Elle avait levé les sanctions, mal ressenties par une population éprouvée dans un pays exsangue, quand la junte avait paru se plier à ses exigences.

Avec AFP

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