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Roman Protassevitch, un opposant biélorusse à la pointe de la contestation

Roman Protassevitch, opposant de premier plan au président autoritaire biélorusse, lors d’un rassemblement à Minsk, en Biélorussie, le 25 mars 2012. AP

La première phrase est écrite en lettres capitales, comme pour mieux en souligner l’absurdité. « Je suis officiellement reconnu comme terroriste. Oui, ce n’est pas une blague. Le KGB de Biélorussie m’a mis sur la liste des terroristes. Maintenant, mon nom est sur la même liste que les gars de Daech. » Quand Roman Protassevitch publie ce message sur son compte Twitter, le 19 novembre 2020, il vit déjà en exil depuis un an entre la Pologne et la Lituanie.

A 26 ans, l’opposant biélorusse, ancien rédacteur en chef de l’influente plate-forme d’opposition Nexta, se sait traqué par le régime du président Alexandre Loukachenko, dont la réélection frauduleuse, le 9 août 2020, a déclenché un soulèvement populaire sans précédent.

A l’automne 2020, la chaîne Nexta, pilotée depuis Varsovie et disponible sur l’application de messagerie cryptée Telegram, est alors l’outil incontournable des protestataires, qui l’utilisent en masse pour organiser les manifestations contre le gouvernement et diffuser les images des violences policières. Au plus fort du mouvement, plus de 2 millions de personnes s’y retrouvent chaque jour, sur les 9,5 millions d’habitants que compte le pays. L’équipe de Nexta, elle, reçoit 10 000 messages par heure, dont beaucoup proviennent de sources au sein du régime.

« C’était notre heure »

« Nous avons réalisé que c’était notre heure, avait expliqué Roman Protassevitch au quotidien britannique The Independent en août 2020. Ceux qui avaient le potentiel pour être à la tête de la protestation étaient soit en prison, soit sous surveillance. C’était le moment d’intervenir. » Il était convaincu qu’Alexandre Loukachenko tomberait « en quelques semaines ». Plus de neuf mois plus tard, le président, à la tête de l’ancienne république soviétique depuis 1994, est toujours là, et l’opposant est devenu la bête noire du régime.

Lorsque l’avion reliant Athènes à Vilnius bifurque vers Minsk, ce dimanche 23 mai, Roman Protassevitch, présent à bord, comprend aussitôt. « Il a commencé à paniquer et à dire que c’était à cause de lui », a témoigné Monika Simkiene, une passagère lituanienne. Il s’est juste tourné vers les gens et a dit qu’il risquait la peine de mort ». Une fois certain d’être arrêté, il semblait toutefois « très calme ».

Né le 5 mai 1995, un an après l’arrivée au pouvoir d’Alexandre Loukachenko, Roman Protassevitch milite dans l’opposition depuis l’adolescence. Ses premières manifestations remontent à 2010. A l’époque, déjà, des milliers de Biélorusses étaient descendus dans la rue pour protester contre la réélection de l’autocrate, avant d’être violemment réprimés.

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