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En Inde, le Covid-19 n’arrête pas l’offensive de Modi contre l’opposition

Arvind Kejriwal, le chef de gouvernement de Delhi, à New Delhi, le 17 mars 2021. MONEY SHARMA / AFP

LETTRE DE NEW DELHI

La loi est entrée en vigueur le 27 avril, alors que la capitale indienne était submergée par la deuxième vague de Covid-19 et que les hôpitaux étaient débordés par l’afflux de malades et la pénurie d’équipements. Arvind Kejriwal, le chef de gouvernement de Delhi, qui bataille tous les jours contre Narendra Modi pour obtenir de l’aide, des lits, de l’oxygène ou des vaccins, a perdu une grande partie de ses pouvoirs.

Le premier ministre indien a fait adopter, un mois plus tôt, par le Parlement une législation spéciale, entièrement dirigée contre cet opposant, un centriste qui, il y a un an, avait sévèrement battu le Parti nationaliste hindou aux élections régionales.

Divisions religieuses

Désormais, le lieutenant-gouverneur de Delhi, Anil Baijal, nommé par l’Etat, dispose de davantage de pouvoirs que le chef de gouvernement, démocratiquement élu, et peut donner, directement, des instructions aux fonctionnaires. A l’inverse, Arvind Kejriwal doit pour toute « décision exécutive » demander l’avis du représentant de l’Etat, notamment sur les sujets de la lutte contre la corruption, de l’éducation, de la santé, du bien-être social, du tourisme, des hôpitaux et des transports, autant de domaines où l’élu s’est illustré depuis son élection en 2015. « C’est un triste jour pour la démocratie indienne (…) Cette loi est une insulte pour les habitants de Delhi, avait commenté Arvind Kejriwal, lors de la présentation du texte au Parlement. Elle enlève des pouvoirs à ceux qui ont été élus par le peuple et donne des pouvoirs pour diriger Delhi à ceux qui ont été battus. »

Il y a un peu plus d’un an, en février 2020, le parti de M. Modi, le Bharatiya Janata Party (BJP), avait mis toutes ses forces pour tenter de ravir la capitale, en tentant d’exacerber les divisions religieuses entre hindous et musulmans. Il avait dépêché le ministre de l’intérieur, Amit Shah, l’allié le plus puissant et le plus proche de M. Modi, qui avait tenu des dizaines de meetings. Mais, malgré le rouleau compresseur du BJP, M. Kejriwal avait été triomphalement réélu par les Delhiens, remportant 62 des 70 sièges de l’assemblée régionale.

Cette reprise en main du gouvernement marque un nouvel affaiblissement de la démocratie indienne, passablement abîmée, depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 du dirigeant nationaliste hindou Narendra Modi. Après chaque défaite électorale dans les régions, le BJP a tenté de renverser les coalitions qui ont gagné dans les urnes en achetant les élus. Cela s’est produit au Karnataka, au Madhya Pradesh, à Goa, au Manipur.

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