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Surtaxer les riches n’est pas une solution pour la France

L’annonce de Joe Biden d’une augmentation des impôts sur les revenus et les gains en capital du top 1 % des Américains les plus aisés ranime le débat en France où l’idée de « faire payer les riches » a toujours été populaire. Pourtant, si la crise du Covid-19 a bien creusé les inégalités, elle a aussi illustré combien les Etats-Unis et l’Hexagone ne souffraient pas des mêmes maux et ne sauraient donc adopter les mêmes remèdes. La prouesse de la sortie en un an d’un vaccin avec une nouvelle technologie – l’ARN messager – a montré que les Etats-Unis sont à la pointe de l’innovation. Mais le nombre de morts, le chômage et la pauvreté ont aussi montré combien leur système de protection sociale est défaillant.

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En France au contraire, l’incapacité à produire des sérums anti-Covid a révélé l’ampleur du décrochage en R&D au pays de Pasteur. Mais nos puissants amortisseurs sociaux ont su limiter les dégâts de la crise pour la population.

Aujourd’hui, le grand plan d’investissement annoncé par le président américain pour l’aide aux familles, la scolarisation ou la santé restent bien en dessous des prestations auxquelles ont droit les Français. Et l’imposition des riches pour le financer reste

aussi inférieure au niveau des taxes s’appliquant en France aux plus fortunés, même après la réforme de 2017, qui a réduit l’ISF en IFI et l’imposition des revenus du capital à une flat tax de 30 % (voir graphique).

Que faire donc ? Certes, en symbole de solidarité, on pourrait envisager une taxe exceptionnelle sur les très hauts revenus. Mais à une double condition : premièrement, qu’elle soit vraiment prélevée une seule fois (pour rappel, une « contribution sur les hauts revenus » instaurée en 2011 et prétendument temporaire existe toujours) ; deuxièmement, que d’autres pays européens, à commencer par l’Allemagne, l’adoptent aussi. Cela dit, le problème en France n’est pas tant qu’il y ait des riches mais plutôt de s’assurer que la croissance ne laisse personne au bord de la route.

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Pour cela, il faut agir sur deux leviers. D’un côté, il faut lutter contre les rentes de situation grâce à une politique active de contrôle du lobbying et de vigilance face aux acquisitions créant des cartels : il faut raviver la concurrence et s’opposer aux positions dominantes qui font barrage à de nouveaux talents innovateurs. De l’autre, il faut réinvestir massivement dans l’éducation et la jeunesse pour stimuler la mobilité sociale. Je préconise un revenu universel d’insertion pour les jeunes
et le développement d’écoles intensives avec devoirs encadrés et tutorat dans les zones d’éducation prioritaire.

 

 

Le niveau d’imposition des riches en France reste parmi les plus élevés, même après la réforme de l’ISF survenue en 2017. (Isabelle Atlan)

Philippe Aghion, professeur au Collège de France

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