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« La Chine se veut l’antidote autoritaire à son propre poison »

Tribune. Il y a une apparence de paradoxe à ce que l’épicentre de la pandémie soit également la seule grande puissance à en sortir renforcée. Bien sûr, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ayant mené son enquête les mains liées, nos connaissances ne permettent pas de trancher à l’heure actuelle entre la thèse d’une transmission directe de l’animal à l’homme et celle de l’accident de laboratoire.

Il n’est pourtant pas certain que la question soit aussi décisive qu’il y paraît, à replacer les événements dans leur contexte. Après le SRAS en 2003 et la grippe H1N1 en 2009, le Covid-19 est en effet la troisième zoonose massive à ravager la Chine en moins de vingt ans.

Pourquoi une telle succession, à ce point rapprochée ? Comment ce pays qui offre un terrain si favorable aux épidémies parvient-il dans le même temps à en contenir les effets ? Quelles en sont les conséquences pour les grandes démocraties occidentales, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne sont guère parvenues à offrir une protection du même ordre ?

Toute la complexité du modèle chinois vient de ce qu’il prétend remédier aux dégâts, sanitaires en particulier, que cause son déploiement. En ce sens, on peut dire qu’il se veut l’antidote autoritaire à son propre poison. Il faut relire Simon Leys à ce sujet, qui montre dans le détail comment le maoïsme a représenté une entreprise de déculturation unique dans l’histoire de l’humanité, et ce non pas seulement par sa durée ou son ampleur, mais plus profondément par son imprégnation.

On le voit par contraste avec d’autres totalitarismes moins achevés. Alors que les Soviétiques se jetaient sur les livres interdits sitôt passé le rideau de fer, on n’observe rien de tel aujourd’hui avec l’immense majorité des étudiants chinois en échange, alors même que la documentation abonde dans leur langue maternelle. Le pire est peut-être d’ailleurs à venir, puisque les dirigeants au pouvoir à Pékin, formés pendant la révolution dite « culturelle », ne cessent de pousser vers davantage de durcissement.

Acquisitions tous azimuts

Le capitalisme chinois a ceci de particulier qu’il se déploie sur un territoire non pas vierge, mais préalablement sulfaté pour y éradiquer le moindre ferment d’opposition – politique, syndicale, religieuse, etc. Les étudiants qui prenaient la précaution de se proclamer « vrais marxistes » il y a trois ans finissent ainsi dans les mêmes cachots que les moines tibétains ou les prêtres réfractaires, sans distinction. Les scandales sanitaires se succèdent au point que le lait maternel lui-même fait l’objet de trafics.

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