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De Jaffa à Ramallah, jour de colère et d’unité palestinienne

Par Louis Imbert

Publié aujourd’hui à 16h07

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ReportagePour la première fois depuis la première Intifada, les Palestiniens des deux côtés de la « ligne verte » ont observé, mardi 18 mai, une grève générale en réaction aux événements touchant Gaza et Jérusalem.

Des rideaux de fer sont demeurés baissés, mardi 18 mai, dans les rues commerçantes de Jaffa. Des pharmaciens sont aux abonnés absents, des supermarchés en désordre, sans vendeurs à Jérusalem-Ouest. Des patrons juifs et des salariés palestiniens échangent, sur la messagerie WhatsApp, des messages lourds d’incompréhension à Haïfa, dans le nord. Une large part des citoyens arabes d’Israël ne se sont pas présentés au travail. C’est jour de grève. Jour de colère palestinienne en Israël.

A midi, cette colère s’est répandue dans les territoires occupés de Cisjordanie. L’Autorité palestinienne (AP) avait décidé spontanément de se joindre aux responsables communautaires et aux députés palestiniens d’Israël qui ont lancé l’appel à la grève, lundi. Motivée par la guerre en cours à Gaza, comme par plus d’un mois de répression policière israélienne à Jérusalem, cette mobilisation en Palestine historique est une première depuis les années 1990.

Un grand nombre de Palestiniens assistent aux affrontements entre les protestataires et les forces armées israéliennes, en Cisjordanie, le 18 mai 2021. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

A Ramallah, le centre politique de la Cisjordanie occupée, les écoles, les administrations, demeurent fermées. Une foule considérable se masse autour de la place des Lions. Un responsable de faction promet au micro « des millions de martyrs » et évoque la mémoire de la première Intifada (1987-1993). Puis, une part de la jeunesse suit une pente vers la sortie nord-est de la ville, pour défier les soldats israéliens près du point de passage et de la base israélienne de Beit El.

Depuis les premières émeutes, vendredi, Moee (un nom d’emprunt) ne vit que pour ces affrontements. « Je ne peux pas travailler, pas étudier. Ma vie ce sont ces émeutes. Comme celle de mes copains. Aujourd’hui, nous, les Palestiniens, sommes un seul corps. Nous nous réveillons », dit cet étudiant âgé de 24 ans, producteur de musique électronique, aux mains noircies de suie à force de jeter des pneus dans les flammes.

La colère de ces jeunes gens roule depuis vendredi. Elle a pris beaucoup de vitesse en quatre jours. Ils avancent vers les hautes herbes qui bordent la route, en retrait de petits groupes armés de frondes mieux entraînés qu’eux. Ils s’écartent de la verticale d’un drone de l’armée, qui vole léger et lent à une quinzaine de mètres au-dessus de leurs têtes. Un jeune homme tâche de l’abattre avec une fronde. D’autres tirent des feux d’artifice dans son sillage, avant que le drone, imperturbable, ne lâche une grappe de grenades fumigènes, qui répandent une coulée maronnasse.

Quelques minutes plus tard, des tirs claquent non loin et la foule se secoue, incertaine. L’armée israélienne tire à balles réelles. Quatre Palestiniens sont morts mardi. Le Croissant-Rouge dénombre 35 blessés par balles à travers la Cisjordanie. Ramallah a décrété un jour de deuil, mercredi. Dans l’après-midi, deux soldats israéliens ont été touchés par des tirs partis d’un camp de réfugiés palestiniens juché sur une colline, d’où l’on aperçoit la base de Beit El. L’armée a répliqué durant plusieurs minutes.

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