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En Russie, la répression contre les pro-Navalny vise aussi des employés du métro de Moscou

Une fresque représentant Alexeï Navalny, l’opposant russe emprisonné, avec l’inscription  « Le héros des temps nouveaux » est repeinte, à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2021. OLGA MALTSEVA / AFP

Loin de la publicité des procès en cours contre Alexeï Navalny et les organisations de l’opposant au Kremlin, la répression a pris à Moscou une dimension souterraine. Les autorités russes, dans la capitale comme ailleurs, avaient depuis longtemps déjà l’habitude de prévenir médecins hospitaliers, enseignants et employés de services sociaux : toute participation à une manifestation serait passible de sanctions. Mais, après les rassemblements du 21 avril en soutien à Alexeï Navalny, la chasse s’est étendue jusqu’au personnel du métro de Moscou.

« Je ne peux pas vous dire la raison parce que je ne sais pas, mais nous devons résilier votre contrat. Vous êtes licencié à partir d’aujourd’hui. Ordre venu d’en haut », s’est ainsi vu entendre dire un employé du métro. Il a enregistré en secret l’entretien une semaine plus tôt avec l’un de ses supérieurs, visiblement bien embêté de se mêler de répression politique. Car l’employé, qui a préféré rester anonyme mais a donné l’enregistrement de cette conversation à Meduza, l’un des sites d’informations russe au ton critique, a eu rapidement la confirmation des causes de son renvoi. Pas de faute professionnelle ni d’absentéisme. Avant la manifestation non autorisée du 21 avril, il s’était connecté au site Free Navalny et avait laissé son e-mail personnel. Seulement quelques heures après, il a été repéré. Puis licencié par la suite.

Clip de Rammstein

Le cas semble loin d’être isolé. A Open Media, autre site critique du Kremlin, Vassili Chelyakov, vice-président d’un syndicat indépendant du métro, a parlé d’une vague massive de licenciements. « Il y en a beaucoup, mais nous ne les connaissons pas tous, seulement une quarantaine de personnes m’ont contacté », a-t-il confié. Au total, il pourrait s’agir de deux cents personnes. Le décompte est d’autant plus difficile à établir que plusieurs de ces renvois ont été faits sous divers motifs officiels : absentéisme, maladie… Y compris pour des employés vus en pleine santé au travail. Dans la majorité des cas, ils se seraient inscrits en ligne sur le site de soutien à Alexeï Navalny ou auraient été vus à une manifestation.

Alors que des poursuites judiciaires sont en cours pour qualifier les organisations de l’opposant d’« extrémistes », ce qui concerne à la fois son Fonds de lutte contre la corruption et son réseau de QG régionaux, la vague de répression vise désormais plusieurs de ses représentants à travers le pays.

A Briansk, près de Moscou, Alexandre Markine a subi plusieurs interrogatoires au cours desquels un haut gradé policier l’a mis sous pression et l’a menacé de lui uriner dans la bouche. A Arkhangelsk, cité du Grand Nord, Andreï Borovikov a été condamné à deux ans et demi de prison parce qu’il a diffusé sur Internet ce que la juge a considéré être de la « pornographie », un clip du groupe de métal allemand Rammstein.

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