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A Gaza, sous les bombardements, la peur et la dévastation : « Le silence a disparu de nos vies, nous sommes épuisés »

Un bâtiment détruit par une frappe aérienne israélienne à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Au loin, une famille palestinienne fuit vers une zone plus sûre, le 14 mai 2021. Un bâtiment détruit par une frappe aérienne israélienne à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Au loin, une famille palestinienne fuit vers une zone plus sûre, le 14 mai 2021.
Un bâtiment détruit par une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza, le 14 mai 2021. Un bâtiment détruit par une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza, le 14 mai 2021.

« Pouvez-vous me rappeler ? Un raid aérien vient de frapper le quartier… » Au téléphone, encore sous le choc, l’autrice et analyste politique Reham Owda explique une demi-heure plus tard que la Banque du développement, sise dans les environs de sa demeure, vient d’être pulvérisée. « Jusqu’ici, ça va. Mais l’explosion a été terrible et notre maison tremblait. »

Vendredi 14 mai, au cinquième jour des bombardements les plus violents qu’a connus la bande de Gaza depuis 2014, Reham Owda décrit un climat de peur et des habitants à bout. « C’est une catastrophe. Psychologiquement, c’est très dur. Nous sortions d’un long mois de ramadan, la fête de l’Aïd allait permettre aux gens de souffler, de se retrouver. Mais on a hérité de cette terreur. » Et des bombardements qui se succèdent jour et nuit à un rythme infernal. « Toutes les heures, heures et demie. Le silence a disparu de nos vies, nous sommes épuisés. » Vendredi soir, le bilan des frappes s’élevait à au moins 126 morts, dont 31 enfants, et 950 blessés, selon le ministère de la santé.

« Beaucoup de collègues disent qu’il s’agit d’événements plus sévères que la guerre de 2014. Un exemple est notre excellente médecin palestinienne en chef, qui était très fière de dire qu’on n’avait, à l’époque, jamais fermé nos 22 centres de santé. Il y a deux jours, elle a recommandé de le faire, en larmes. “C’est trop chaud”, a-t-elle dit, en pensant à notre staff », témoigne Matthias Schmale, directeur de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il faut se mettre à l’abri. Et espérer que cela s’arrête au plus vite.

Les écoles, le dernier refuge

« Les gens sont enfermés chez eux. L’électricité à Gaza-ville est limitée, mais des zones entières dans le nord et le sud du territoire sont régulièrement plongées dans le noir à cause de la destruction des réseaux. La situation est tragique pour les populations vulnérables. A commencer par ceux qui ont perdu leur maison », ajoute Reham Owda, qui explique que ceux qui ont les moyens cherchent à louer des appartements dans Gaza-ville, d’autres s’entassent comme ils le peuvent chez des proches. Pour ceux qui vivent dans les secteurs les plus exposés aux tirs israéliens, les écoles, dont celles administrées par les Nations unies, sont le dernier refuge.

Dans la nuit de vendredi à samedi, l’UNRWA a annoncé officiellement qu’elle ouvrait tous ses établissements scolaires à la population, la situation s’aggravant de jour en jour. « Dans la nuit du jeudi 13 mai au vendredi 14 mai, un changement a eu lieu, avec des combats intenses dans le nord de la bande et des tirs d’artillerie en provenance d’Israël. Autant que je puisse en juger, ils ne visaient pas délibérément des civils, mais ils ont provoqué une fuite massive d’habitants, effrayés. On compte dès à présent 10 000 déplacés dans une vingtaine d’écoles au nord et à Gaza-ville, dans un mouvement comparable à 2014 », explique Matthias Schmale.

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