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En pleine crise de Covid-19, le Népal perd son gouvernement

Le premier ministre marxiste-léniniste, Khadga Prasad Sharma Oli, devant le Parlement qui a voté contre lui une motion de censure le 10 mai 2021. Le premier ministre marxiste-léniniste, Khadga Prasad Sharma Oli, devant le Parlement qui a voté contre lui une motion de censure le 10 mai 2021.

Submergé à son tour par l’épidémie de Covid-19, comme l’Inde sa voisine, le Népal s’offre le luxe d’une vacance de pouvoir. Lundi 10 mai, le vote de confiance souhaité par le premier ministre Khadga Prasad « KP » Sharma Oli, pour restaurer une légitimité mise à mal par plusieurs mois de crise institutionnelle, s’est transformé en motion de censure. Les députés ont été 124 à voter contre le dirigeant marxiste-léniniste et seulement 93 à s’exprimer en sa faveur, tandis que 15 d’entre eux se sont abstenus.

En fin de journée, le chef du gouvernement, qui aura battu le record de longévité à la tête du pays – un quart de siècle, trois ans et presque trois mois –, a remis sa démission à la présidente de la république, Bidya Devi Bhandari. Inquiète de voir la petite république fédérale himalayenne soudainement privée de pilote, celle-ci a donné trois jours aux partis politiques représentés au Parlement pour former une nouvelle majorité de gouvernement. Les intéressés ont jusqu’à jeudi, 21 heures, pour trouver une solution.

Jeux de pouvoir

Ce rebondissement fait suite à cinq mois de flottement au sommet de l’Etat. Le 20 décembre 2020, M. Oli avait provoqué un électrochoc en annonçant la dissolution de la chambre des députés et la convocation d’élections anticipées pour avril 2021. Ce choix était dicté, avait-il alors expliqué, par la fronde qui agitait depuis des mois la majorité issue des législatives de l’automne 2017, une majorité formée de l’addition des marxistes-léninistes et des maoïstes.

En mai 2018, ces deux factions avaient pris la décision historique de fusionner pour donner naissance au Parti communiste népalais (NCP). Il avait alors été convenu que le marxiste-léniniste Oli dirigerait le pays pendant deux ans et demi, tandis que le leader maoïste Pushpa Kamal Dahal, dit « Prachanda » (« le féroce »), principal artisan de la chute de la monarchie népalaise en 2008, tiendrait les rênes du nouveau parti. Les deux hommes devaient échanger leurs rôles en milieu de législature, ce que M. Oli a finalement refusé de faire, en juin 2020.

Huit mois plus tard, le 23 février, la Cour suprême du Népal a annulé la dissolution de la chambre et la tenue de nouvelles élections. Le 8 mars, par ailleurs, elle a déclaré illégale la fusion des marxistes-léninistes et des maoïstes, entraînant la scission immédiate du jeune Parti communiste népalais. D’après le constitutionnaliste Bipin Adhikari, un accord pourrait être trouvé entre les maoïstes conduits par M. Dahal, qui a déjà été premier ministre à deux reprises, et le parti du Congrès népalais, membre de l’internationale socialiste, de Sher Bahadur Deuba, qui a lui-même dirigé quatre fois le gouvernement. La formation de M. Oli, l’UML (marxiste-léniniste unifié), reste toutefois, à ce stade, la plus importante au Parlement.

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