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Affrontements à Jérusalem : vingt morts à Gaza au cours de représailles israéliennes

Le système antimissile Iron Dome d’Israël a intercepté des roquettes lancées depuis la bande de Gaza vers Israël, à Ashkelon, lundi 10 mai. Le système antimissile Iron Dome d’Israël a intercepté des roquettes lancées depuis la bande de Gaza vers Israël, à Ashkelon, lundi 10 mai.

L’escalade se poursuit entre Israëliens et Palestiniens. Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, qui avait menacé Israël, lundi 10 mai, de représailles militaires si ses forces ne se retiraient pas de l’esplanade des Mosquées et du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, a tiré plus de cent roquettes sur Israël.

Selon un dernier bilan de l’armée israélienne peu avant minuit, plus de 150 roquettes avaient été tirées de Gaza vers Israël, dont des « dizaines » ont été interceptées par le bouclier antimissile « Dôme de fer ».

Dans la foulée, Israël a répliqué par une série de raids sur la bande de Gaza qui ont tué au moins vingt Palestiniens, dont neuf enfants et un haut commandant du Hamas, et fait de nombreux blessés. Ces frappes israéliennes sont les plus importantes depuis novembre 2019. L’armée israélienne a qualifié les tirs de roquettes de « grave attaque contre Israël » dont le Hamas devra subir les conséquences.

Plus tard dans la soirée, alors que des milliers de fidèles étaient rassemblés dans l’enceinte de l’esplanade des Mosquées pour la prière du soir, un arbre a pris feu, provoquant l’évacuation précipitée des lieux. La cause de cet incendie, visible à plus de deux kilomètres à la ronde, n’était pas connue dans l’immédiat.

Vers 18 heures (17 heures à Paris), plusieurs roquettes ont été lancées depuis l’est et le nord de la bande de Gaza vers Israël, où les sirènes d’alarme ont retenti dans des villages et des villes. Fait plutôt rare, des sirènes ont aussi été déclenchées à Jérusalem, située à plus de 80 kilomètres de la bande de Gaza, ce qui a notamment entraîné l’évacuation, selon les autorités, de l’esplanade du mur des Lamentations. Aucune victime israélienne n’a été rapportée dans l’immédiat.

« Les Brigades Al-Qassam [branche armée du Hamas] lancent maintenant des roquettes contre l’ennemi à Jérusalem occupée en réponse à ses crimes et à son agression contre la Ville sainte et à ses abus contre notre peuple à Cheikh Jarrah et à la mosquée Al-Aqsa » située sur l’esplanade des Mosquées, ont déclaré celles-ci dans un bref message.

Ces tirs sont intervenus alors que le Hamas avait menacé Israël, en fin d’après-midi, d’une escalade militaire si ses forces ne se retiraient pas de l’esplanade des Mosquées et du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 520 Palestiniens ont été blessés, dont de nombreux aux yeux et à la tête, alors que la police israélienne a fait état d’au moins neuf blessés dans ses rangs.

Les forces israéliennes se déploient dans l’enceinte de l’esplanade des Mosquées, lundi 10 mai. Les forces israéliennes se déploient dans l’enceinte de l’esplanade des Mosquées, lundi 10 mai.

Non loin de l’esplanade, et signe des vives tensions, une voiture transportant des Israéliens a été la cible de jets de pierres et a perdu le contrôle avant de foncer sur des Palestiniens, selon la police et des images d’un journaliste sur place. Une fois immobilisé, le véhicule a été attaqué par plusieurs personnes qui ont lancé des projectiles sur les passagers avant qu’un policier israélien ne les disperse en tirant en l’air.

  • Un contexte tendu pour la Journée de Jérusalem

La reprise des violences coïncide avec la célébration de la Journée de Jérusalem, qui marque la conquête de la partie orientale de la ville par Israël en 1967. La marche de milliers de jeunes Israéliens, prévue lundi soir dans la Vieille Ville afin de célébrer cette journée, a été annulée en raison des dernières violences, ont déclaré ses organisateurs. « La marche pour la « danse des drapeaux » a été annulée. Nous ne danserons pas sur une Jérusalem divisée », a expliqué Am Kalavi, l’organisation qui tient chaque année cette grande marche.

Vendredi soir, plus de 200 personnes ont été blessées sur l’esplanade des Mosquées, où des dizaines de milliers de fidèles palestiniens étaient réunies pour la dernière prière du vendredi avant la fin du mois de jeûne du ramadan. Samedi et dimanche, le calme était revenu sur l’esplanade, mais les échanges violents ont continué entre Palestiniens et policiers israéliens dans d’autres secteurs de Jérusalem-Est.

Dimanche, la justice israélienne a par ailleurs annoncé le report d’une audience fort attendue à la Cour suprême, prévue lundi. Celle-ci doit se prononcer sur le sort de familles palestiniennes menacées d’éviction de Jérusalem-Est par des colons israéliens, un dossier au cœur des manifestations de ces derniers jours. Depuis 2008, dix familles ont déjà dû partir. Trois autres attendent qu’une date d’expulsion leur soit signifiée en août. En tout, 70 familles sont menacées.

  • « Une ligne rouge » a été franchie selon Nétanyahou, les Etats-Unis condamnent, la France appelle à la « plus grande retenue »

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a estimé que le Hamas avait franchi « une ligne rouge », promettant qu’« Israël réagira avec force ». « Celui qui attaque paiera le prix fort », a-t-il ajouté. Le chef du gouvernement avait déjà averti dimanche qu’Israël « continuera[it] d’assurer la liberté de culte, mais n’autorisera[it] pas des émeutes violentes ». « Nous ferons respecter la loi et l’ordre, avec fermeté et responsabilité », avait-il dit, en défendant le développement des colonies juives à Jérusalem-Est :

« Jérusalem est la capitale d’Israël. Alors que chaque nation construit sa capitale, nous avons aussi le droit de construire à Jérusalem. C’est ce que nous avons fait et c’est ce que nous continuerons de faire. »

Face à cette escalade, une réunion du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) s’est tenue lundi, à la demande de la Tunisie, mais les pays membres ne sont pas parvenus à s’entendre sur une déclaration commune.

Les tirs de roquette du Hamas depuis la bande de Gaza contre Israël « doivent cesser immédiatement », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, devant la presse en accueillant son homologue jordanien à Washington. « La violence doit cesser, toutes les parties doivent engager une désescalade, réduire les tensions, prendre des mesures concrètes pour calmer le jeu », a-t-il insisté.

De son côté, la France a mis en garde contre une « escalade de grande ampleur » et appelé « l’ensemble des acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute provocation pour permettre un retour au calme dans les plus brefs délais », selon les déclarations de la porte-parole du ministère des affaires étrangères.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a quant à lui condamné ce qu’il a qualifié de « terrorisme » israélien à Jérusalem. M. Erdogan a ainsi affirmé qu’il ferait « tout ce qu’il peut pour mobiliser le monde, notamment musulman, pour mettre fin au terrorisme et à l’occupation israéliens ». Dans son sillage, l’Iran a déclaré, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Javad Zarif : « Il n’a pas suffi au régime israélien de voler les terres et les maisons des gens, de créer un régime d’apartheid et de refuser de vacciner les civils sous occupation illégale. Il a dû tirer sur des fidèles innocents à l’intérieur de la troisième mosquée la plus sacrée de l’Islam. »

Le Monde avec AFP

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