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Alain Patel : « Les médecins birmans appellent à l’aide »

Tribune. Depuis quarante ans, en formant les médecins et les infirmières sur place ou en les invitant en France, en rénovant les hôpitaux, en leur procurant les équipements modernes et nécessaires, en ouvrant et faisant fonctionner des dispensaires à travers le pays, l’Association médicale franco-asiatique (AMFA) a été aux côtés du corps médical de Birmanie pour les aider à développer une médecine moderne, efficace et la plus accessible possible à la population.

C’est ce personnel médical, en particulier les médecins de Mandalay, qui a déclenché le mouvement de désobéissance civile le lendemain du coup d’état du 1er février monté par les militaires dans le but d’empêcher la démocratie – grande gagnante des élections de novembre – de s’installer. La totalité des soignants des hôpitaux publics les ont immédiatement suivis entraînant à leur suite les fonctionnaires et employés de banque, paralysant ainsi progressivement le pays.

Les manifestations prodémocratie, y compris celle des blouses blanches, ont très vite pris de l’ampleur. L’armée et la police ayant reçu l’ordre de « tirer pour tuer » ont visé à balles réelles la tête ou le thorax des manifestants armés de quelques malheureux lance-pierres.

De nombreux enfants et de nombreuses femmes enceintes ont été tués à bout portant. Beaucoup de blessés ont été ramassés par l’armée et emmenés en prison où les familles doivent le lendemain récupérer leur corps moyennant 100 dollars (environ 83 euros).

D’autres ont été enlevés dans les cliniques, battus, torturés et laissés sans soins. De surcroît, les ambulances qui cherchaient à secourir les blessées ont été détruites et les équipages passés à tabac.

Sans nouvelles d’eux

L’armée utilise les hôpitaux des centres-villes pour y installer ses campements, ce qui est de mauvais augure pour la suite de leur fonctionnement. Les médecins ont tenté, avec les moyens du bord, de soigner les nombreux blessés dans des hôpitaux privés ou des cliniques improvisées. Malheureusement beaucoup, médecins et infirmières, ont vite été arrêtés.

A notre connaissance, deux professeurs de chirurgie orthopédique avec lesquels nous avons travaillé sont parmi eux : le professeur Kyaw Min Soe, arrêté chez lui à 4 heures du matin, emmené cagoulé et menotté, et le professeur Maw Maw Oo, chef des urgences de l’hôpital central de Rangoun, arrêté dans son service alors qu’il soignait des urgences. On est sans nouvelles d’eux depuis plusieurs semaines. Tout cela est contraire à toutes les conventions internationales.

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