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En Espagne, derrière le départ de Pablo Iglesias, les limites de Podemos

Pablo Iglesias, alors leader du parti de gauche radicale Podemos, lors d’un discours de campagne électorale, à Palma de Majorque, le 15 avril 2019. Pablo Iglesias, alors leader du parti de gauche radicale Podemos, lors d’un discours de campagne électorale, à Palma de Majorque, le 15 avril 2019.

Dix ans après la naissance du mouvement des « indignés », qui, en 2011, avait bouleversé la scène politique espagnole avec un discours véhément contre les « élites », la « corruption » et le « bipartisme », et sept ans après la création, en 2014, du parti de la gauche radicale cherchant à en récupérer l’esprit, Podemos se retrouve face à un défi : survivre au départ de son leader. Mardi 4 mai, au soir de l’écrasante victoire de la droite aux élections régionales madrilènes, Pablo Iglesias a annoncé, par surprise, « l’abandon de toutes [ses] fonctions » et son retrait de « la vie politique ».

« Quand quelqu’un cesse d’être utile, il doit savoir se retirer », a déclaré le chef de la gauche radicale, qui n’a obtenu que 7,2 % des voix et 10 des 136 sièges en jeu. Un résultat « mauvais », comme il l’a lui-même reconnu. M. Iglesias avait quitté, un mois et demi plus tôt, la vice-présidence du gouvernement espagnol, qu’il occupait depuis à peine plus d’un an, pour livrer bataille à Madrid, où Podemos risquait de récolter moins de 5 % des voix et, en conséquence, disparaître du Parlement régional. « Il s’est suicidé [politiquement] pour sauver le parti », résume un proche collaborateur.

« Hyperleadership » controversé

De la photo des fondateurs de Podemos, il ne restait au sein de la direction du parti que Pablo Iglesias, exerçant un « hyperleadership » controversé. Après avoir caressé l’espoir de doubler le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en 2015, pariant sur une répétition des élections en 2016, Podemos n’a cessé de perdre des voix, élection après élection, et il a échoué à consolider sa structure territoriale. Ces dernières années ont été marquées par l’expulsion de dissidents, le repli sur un groupe de fidèles, les controverses sur l’achat d’une villa avec piscine par M. Iglesias et sa compagne, la ministre de l’égalité, Irene Montero, les crises à répétition en Cantabrie, en Navarre, en Estrémadure, la perte du soutien des mouvements de gauche de Galice et d’Andalousie ou la rupture avec le courant anticapitaliste.

En janvier 2020, après trois tentatives infructueuses, il est finalement entré dans un gouvernement de coalition avec le PSOE, soutenu par les indépendantistes de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC). Cependant, le rôle de subordination auquel il a été relégué était loin de satisfaire M. Iglesias, dont la vice-présidence était « vide de compétences », souligne un collaborateur. Il jouait essentiellement un rôle de figuration et ne faisait parler de lui que lorsqu’il provoquait de vives controverses, en critiquant le « manque de qualité de la démocratie espagnole », en demandant la fin de la monarchie ou en comparant l’ancien président de Catalogne, Carles Puigdemont, aux exilés républicains de la guerre civile.

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