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Benyamin Nétanyahou échoue à former un gouvernement en Israël

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, mercredi 24 mars 2021. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, mercredi 24 mars 2021.

Cette fois-ci, Benyamin Nétanyahou a été mis en échec par la droite. Les anciens partenaires qu’il a déçus ne sont pas revenus, et certains de ses alliés ont refusé de faire les concessions nécessaires. Après vingt-huit jours de tractations, mardi 4 mai à minuit, le plus pérenne des premiers ministres israéliens a donc dû rendre son mandat pour former un gouvernement au président israélien. Il n’avait pourtant pas ménagé ses efforts, promettant ici des postes, là des sièges en commission. A son ex-ministre de la défense, le dirigeant d’extrême droite Naftali Bennett, fort de sept députés à la Knesset, M. Nétanyahou a même proposé de prendre immédiatement la tête d’un gouvernement de droite, pendant un an, dans le cadre d’une rotation. En vain. « Je n’ai pas demandé le poste de premier ministre, mais un gouvernement – ce qu’il n’a malheureusement toujours pas », a répondu sèchement le chef du parti Yamina, qui n’a plus confiance en son ancien mentor.

L’imparable tacticien apparaît aujourd’hui largement affaibli. Après quatre élections en moins de deux ans, Israël n’arrive toujours pas à se doter d’un gouvernement stable. Or, Benyamin Nétanyahou a besoin de rester au pouvoir pour limiter les effets de son procès pour corruption, fraude et abus de confiance qui s’est ouvert en 2020. Depuis 2009, il s’appuyait sur un solide bloc à droite, centré autour de son parti, le Likoud, autour duquel gravitaient ses alliés religieux et d’extrême droite. Mais depuis le départ, avec fracas, du dirigeant ultranationaliste Avigdor Lieberman de la coalition en novembre 2018 – qui a inauguré cette séquence d’élections dont le pays ne semble plus pouvoir se sortir –, le premier ministre perd ses soutiens. Beaucoup de ses anciens alliés, las de ses promesses non tenues et de ses jeux politiques, considèrent désormais que « son maintien au pouvoir nuit à l’Etat d’Israël. Ils prennent notamment l’exemple de la crise due au coronavirus que le pays a dû gérer sans budget car Benyamin Nétanyahou a manipulé le système pour servir ses propres intérêts plutôt que ceux d’Israël », observe Gayil Talshir, professeure de science politique à l’Université hébraïque de Jérusalem.

« Soutiens du terrorisme »

Les dernières élections législatives, le 23 mars, ont de nouveau renforcé ce paradoxe, le même depuis deux ans : malgré une forte majorité de droite, M. Nétanyahou n’arrive pas à former une coalition. Cette fois, un ancien du Likoud, Gideon Saar, a fait obstacle. C’est lui que Benyamin Nétanyahou espérait rallier en offrant le poste de premier ministre par alternance à Naftali Bennett – peine perdue. Le chef du gouvernement a donc un temps pensé construire sa coalition avec le soutien extérieur des députés islamistes du parti RAAM, alliés inattendus pour le premier ministre qui n’a cessé ces dernières années d’attaquer les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël. Mais les soutiens de M. Nétanyahou de l’ultradroite, les suprémacistes juifs de la liste Sionisme religieux, ont préféré le voir chuter plutôt que de se joindre à des Arabes. « Nous ne prendrons part à aucun gouvernement qui s’appuie directement ou indirectement sur RAAM ou d’autres soutiens du terrorisme », avait prévenu le dirigeant de la liste, Bezalel Smotrich, début avril.

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