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A Hongkong, le « South China Morning Post », propriété d’Alibaba, sur la sellette

Par Florence de Changy

Publié aujourd’hui à 09h13

Arborant le look cool et universel des gens de la tech, épais sweater noir uni sur un pantalon slim, le jeune directeur général du South China Morning Post (SCMP), Gary Liu, incarne l’opposé de tout ce qui caractérisait le journal, plutôt rigide et poussiéreux, dont il prit les rênes en 2016, à 33 ans, dans la foulée de son rachat par le champion chinois du commerce en ligne Alibaba, pour 266 millions de dollars.

C’est lui qui a mené tambour battant la transformation digitale de ce journal qui fut, jusqu’à la rétrocession de Hongkong à la Chine, en 1997, le porte-voix du gouvernement colonial, « le SCMP » pour les Hongkongais et « le Post » pour ses employés. Diplômé de Harvard, cet Américain d’origine chinoise qui a grandi en Nouvelle-Zélande et à Taïwan avait déjà fait ses armes pendant une dizaine d’années à l’avant-garde de la révolution technologique émanant des Etats-Unis, en travaillant chez Google, AOL puis Spotify Labs et finalement Digg, à New York.

Il a été recruté par le Canadien d’origine taïwanaise Joe Tsai, cofondateur d’Alibaba avec Jack Ma, et président du conseil d’administration du SCMP. Sa mission ? Moderniser le journal de fond en comble et démultiplier son rayonnement international. Le plus vite possible.

La une du journal « South China Morning Post » (« SCMP ») du 15 mars 1996 est visible en surimpression sur une vitre des locaux de la rédactio,  située dans le quartier de Causeway Bay à Hongkong, le 30 avril 2021.La une du journal « South China Morning Post » (« SCMP ») du 15 mars 1996 est visible en surimpression sur une vitre des locaux de la rédactio,  située dans le quartier de Causeway Bay à Hongkong, le 30 avril 2021.

« Toute organisation de presse de nos jours se doit de réagir avec rapidité », assène Gary Liu dans le bureau qu’il occupe avec la rédaction, au 18e étage de Times Square, à Causeway Bay sur l’île de Hongkong. Il y a seulement deux ans, avant les émeutes de 2019 et avant l’épidémie, c’était le quartier le plus cher du monde. Le journal a emménagé dans ses nouveaux bureaux, sur quatre étages, en 2017.

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Un peu partout, sur les murs des open spaces dont les étages sont reliés par un atrium ouvert, de grands écrans annoncent, en temps réel, les performances du site : les articles les plus lus, leur thème, leur auteur, les zones du monde où le site est le plus visité… L’information en temps réel sur le « produit » et sur les réactions du marché est à la disposition tant de la rédaction que des équipes commerciales et publicitaires. « Elle est loin l’époque où il fallait attendre l’assemblée générale annuelle pour ajuster sa politique. Aujourd’hui, c’est au moins deux fois par jour, voire en temps réel, que chacun sait ce qui se passe sur le marché », ajoute Gary Liu.

Culture du clic

Cette immersion constante dans les résultats crée une culture du clic qui a eu raison des récalcitrants. L’enjeu est désormais de « capter l’attention du lecteur ». « On regarde ce que font BuzzFeed News, les agrégateurs d’actualité Google ou Jinri Toutiao [l’équivalent chinois de Yahoo News] de l’autre côté de la frontière », affirme le jeune patron. Le secret de la réussite serait ainsi d’avoir identifié « les bonnes plates-formes qui ont amené les bonnes audiences ». Après cinq ans sous gouvernance « Ali », comme disent les gens de la maison, les chiffres sont impressionnants.

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