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Des radars… pour protéger les oursons polaires

Pour détecter les tanières où les ourses polaires abritent leurs petits sous la neige, des chercheurs américains ont eu l’idée de recourir à une technologie jusqu’alors utilisée à des fins militaires ou d’archéologie. 30millionsdamis.fr a cherché à en savoir plus sur cette initiative astucieuse !

Menacés par les changements climatiques, les ours polaires souffrent également de l’extraction de minerais et de gaz dans leur habitat naturel en Arctique. Dérangées par la présence humaine à proximité de leur tanière, les mères ours ont en effet tendance à fuir leur refuge… condamnant leur progéniture à une mort certaine. Pour éviter ces situations dramatiques, des scientifiques tentent de détecter les cavités abritant les petits ursidés sous la neige. Mais la technologie « infrarouge » mobilisée à l’heure actuelle – qui identifie les sources de chaleur – ne parvient à repérer l’objectif que dans la moitié des cas ; un résultat insuffisant pour espérer garantir la tranquillité des plantigrades.

De l’archéologie à la conservation des espèces animales

 

Dans les conflits entre ours polaires et humains, c’est l’ours qui perd souvent la vie.
Geoff York, Polar Bears International

L’espoir de résoudre enfin ce problème est né d’un heureux hasard… « Un soir, j’ai allumé la radio et j’ai entendu un expert parler de l’utilisation d’un « radar à synthèse d’ouverture » (SAR) pour chercher la tombe de Gengis Khan [l’emplacement de la sépulture de l’empereur mongol reste toujours un mystère, 800 ans après sa mort, NDLR], explique Tom Smith, professeur en sciences des plantes et de la faune sauvage à l’Université Brigham Young dans l’Utah (États-Unis), interrogé par le Guardian (27/04/2021). Ils utilisaient le SAR pour pénétrer dans des couches de couvert forestier en Haute Mongolie, à la recherche des ruines d’une structure funéraire. » C’est ainsi que le chercheur a eu l’idée d’employer cette technologie, au service cette fois-ci des animaux.

Outre son usage pour révéler les ruines enfouies, la technologie du SAR – qui consiste, comme tout radar, à émettre des ondes radio puis à en capter l’écho – est déjà employée par l’armée pour détecter les bases ennemies, et serait également à l’étude pour localiser des survivants d’avalanches. Il n’en fallait pas moins aux scientifiques pour tester son efficacité sur les tanières d’ours polaires ! En l’absence de plantigrades – les essais ayant eu lieu dans l’État américain où résidaient les chercheurs – ce sont donc des étudiants qui ont simulé la présence d’oursons en se glissant dans des cavités creusées à une profondeur d’un mètre sous la neige.

Des résultats prometteurs

A l’aide de leurs simulations, les chercheurs sont ainsi parvenus à trouver la bonne fréquence d’onde permettant de pénétrer à travers la neige pour se réfléchir depuis la surface du corps. Contrairement à la détection par infrarouge, le radar parvient à « scanner » une zone plus vaste depuis le ciel sans être influencé par les conditions météo telles que le vent, la neige et le brouillard. Si les résultats des premiers tests semblent prometteurs, il reste encore à tester l’outil dans l’habitat des plantigrades afin de vérifier s’il permet de détecter de véritables oursons. En cas de succès, des satellites pourraient même se voir équipés du dispositif afin de détecter l’espèce… depuis l’espace !

Un outil d’autant plus précieux que les ursidés, repoussés vers l’intérieur des terres avec la fonte de la banquise, souffrent de plus en plus des désagréments occasionnés par l’extraction minière et gazière dans les sols. « À mesure que la banquise fond plus rapidement, les ours polaires passent davantage de temps à terre et se rapprochent des villes. C’est ce qui se passe en Russie, au Canada… observe Geoff York, directeur de la conservation de l’ONG Polar Bears International (PBI), cité par le Guardian. Les ours ont attaqué des gens ou endommagé des biens. Mais dans les conflits entre ours polaires et humains, c’est l’ours qui perd souvent la vie. »

Pour aider les ours polaires, chacun peut agir

Il resterait à l’heure actuelle moins de 26 000 ours polaires dans le monde, et l’espèce – classée « vulnérable » sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – pourrait s’éteindre d’ici la fin du siècle (Nature Climate Change, 20/07/2020). Les habitudes de chasse de ces grands prédateurs sont d’ores et déjà bouleversées au point que les ursidés, privés de phoques à chasser, ont fini par se tourner vers… les œufs de canards ! Une nouvelle source d’alimentation toutefois insuffisante à leur survie, selon une étude publiée dans la revue Royal Society Open Science (7/04/2021).

Si la technologie peut s’avérer une aide précieuse pour venir en aide à ces animaux emblématiques, seules des mesures ambitieuses pour lutter contre le changement climatique parviendront néanmoins à garantir l’avenir de l’espèce. « Tous ces outils ne sont que des pansements pour aider à protéger les animaux, avoue BJ Kirschhoffer, directeur des opérations de PBI. Mais en fin de compte, la solution […] c’est d’amener les gens à changer leur comportement, à vivre de façon plus durable et à réduire leur empreinte carbone. » Chacun de nous peut donc (ré)agir !

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