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« Robots tueurs » : le comité d’éthique de la défense dit oui, à certaines conditions

La ministre des armées, Florence Parly, devant un drone General Atomics MQ-9 Reaper, à la base militaire de Cognac-Châteaubernard, le 14 mai 2020. La ministre des armées, Florence Parly, devant un drone General Atomics MQ-9 Reaper, à la base militaire de Cognac-Châteaubernard, le 14 mai 2020.

Le comité d’éthique de la défense, cette structure de réflexion adossée au ministère des armées pour le conseiller sur les sujets les plus sensibles, a rendu, jeudi 29 avril, son deuxième avis depuis sa création, il y a un an. Après le « soldat augmenté », en décembre, il a dévoilé, jeudi, son avis sur un sujet devenu central dans la course aux armements engagée par un certain nombre de puissances : ce que les spécialistes appellent les systèmes d’armes létaux pleinement autonomes (SALA), parfois résumés sous l’appellation « robots tueurs ».

Dans un document de 47 pages, dont chaque mot apparaît pesé au trébuchet, le comité d’éthique confirme ainsi la ligne communément admise au sein des armées depuis plusieurs années au sujet des SALA. Soit le rejet de l’utilisation, sur un théâtre de guerre, de toute forme d’arme programmée dont l’homme n’aurait pas la maîtrise complète. « La France confirme qu’elle ne développera et n’emploiera pas » de SALA, écrivent ainsi les dix-huit membres civils et militaires de ce comité présidé par le conseiller d’Etat Bernard Pêcheur, et où siège notamment l’ancien chef d’état-major des armées, le général Henri Bentégeat.

En revanche, le comité d’éthique se dit favorable au développement d’armes intermédiaires, appelées systèmes d’armes létaux intégrant de l’autonomie (SALIA). Toute la nuance est dans le « i » de « intégrant ». En clair, le comité d’éthique ouvre la voie à des armes ou des « robots » qui pourront certes tuer, mais seront « incapables d’agir seuls, sans contrôle humain, de modifier leurs règles d’engagement et de prendre des initiatives létales », en s’adaptant de manière indépendante à un théâtre de guerre, par exemple.

Utilisation de drones armés

Derrière cette définition, qui peut concerner diverses catégories d’armes, se trouve une réalité déjà en marche au sein de l’armée française. Notamment pour tout ce qui concerne les drones armés. Après avoir longtemps freiné sur le sujet, le ministère de la défense a progressivement sauté le pas ces dernières années. En particulier au Sahel, avec l’emploi depuis 2019 des drones Reapers américains, qui exécutent une part importante des frappes aériennes sur les groupes terroristes. L’armée de terre, elle, n’est pas équipée de drones armés à ce stade, mais une réflexion existe.

Alors que la perspective de conflits plus durs se dessine en mer, notamment dans la zone indo-pacifique, cette question de l’usage de drones armés se pose également de façon de plus en plus aiguë pour la marine, même si, à ce stade, elle n’en dispose pas. Afin de faire face à l’expansionnisme chinois en mer de Chine méridionale, que ce soit avec des bâtiments de surface militaire ou de simples flottilles de pêche, le Pentagone américain étudie, lui, de façon très sérieuse, la « dronisation » sous diverses formes de l’US Navy.

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