La chancelière allemande Angela Merkel s’est défendue vendredi d’avoir réservé un « traitement spécial » à l’entreprise Wirecard et d’avoir promu cette entreprise financière sulfureuse lors d’un voyage officiel en Chine en septembre 2019, moins d’un an avant la faillite retentissante de la société.
« Wirecard n’a eu droit à aucun traitement spécial », a affirmé la dirigeante lors d’une audition attendue devant la commission parlementaire enquêtant sur ce scandale.
Fleuron allemand des paiements numériques, Wirecard s’est effondré l’été dernier lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d’euros d’actifs, soit un quart de la taille du bilan, n’existaient pas en réalité. L’affaire a ébranlé la confiance dans la place financière allemande.
La commission d’enquête, qui a démarré à l’automne, se demande ce que savait Angela Merkel des malversations reprochées à la société.
Le début de l’année 2019 avait été marqué par une série d’enquêtes du Financial Times (FT) incriminant Wirecard pour de nombreuses irrégularités. Des informations inexactes et diffamatoires, avaient rétorqué ses dirigeants.
« Malgré tous les articles de presse, il n’y avait aucune raison à l’époque de supposer qu’il y avait de graves irrégularités chez Wirecard », a affirmé vendredi la chancelière, reconnaissant qu’elle n’avait « pas suivi » les révélations du FT.
Lors du voyage en Chine en septembre, « j’étais accompagnée par 30 entreprises. Wirecard AG n’était pas membre de la délégation commerciale », a-t-elle relevé.
En revanche, elle a pu être amenée à mentionner la fintech auprès de ses interlocuteurs : « dans nos contacts bilatéraux, le gouvernement fédéral et moi-même nous engageons régulièrement pour les entreprises allemandes, dans l’intérêt de la croissance économique – et cela vaut également pour la Chine ».
« (…) Les efforts de Wirecard pour entrer sur le marché chinois coïncidaient donc avec l’objectif général du gouvernement fédéral », a relevé la dirigeante.
– Défilé de ministres –
Mme Merkel a également minimisé l’importance d’une rencontre avec son ancien ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, alors lobbyiste pour Wirecard, peu avant le voyage.
La réunion n’avait « aucun rapport avec mon voyage en Chine, et je ne me souviens pas que M. Guttenberg ait mentionné Wirecard », a déclaré Mme Merkel, tout en ajoutant qu’elle « ne pouvait pas l’exclure ».
Dans un rapport publié en mars, des députés de la commission avaient dénoncé, selon leurs mots, « une culture de non-responsabilité » ayant conduit à l’affaire Wirecard, estimant que les autorités financières et les dirigeants politiques disposaient « d’indications fondées sur un comportement criminel » des dirigeants de la société.
Les auditions ont donné cette semaine la parole aux politiques : avant Angela Merkel, les ministres des Finances et de l’Economie ont également été entendus et ont rejeté les critiques portant sur les réactions tardives ou inappropriées face aux signaux d’alarme sur les comptes de l’entreprise.
Le ministre des Finances Olaf Scholz a reconnu qu’il s’agissait du « plus grand scandale financier » ayant jamais secoué l’Allemagne. Il a également estimé que la Bafin, le régulateur financier allemand, n’était pas suffisamment armée, à l’époque, pour exercer une supervision efficace.
Mais M. Scholz, candidat des sociaux-démocrates aux législatives de septembre, a assuré que « la responsabilité de cette fraude criminelle à grande échelle n’incombe pas au gouvernement ».
Le dirigeant de Wirecard, Markus Braun, est incarcéré depuis cet été dans le sud de l’Allemagne, dans le cadre d’une vaste enquête judiciaire sur ce scandale.
Son ancien bras droit, Jan Marsalek, est en fuite depuis des mois.
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